De retour après un Petit cauchemars entre amis, les quatre garçons dans le vent rochellais reviennent avec un deuxième disque que inconsciemment on n'imaginait plus, pariant sur une fulgurante carrière d'un groupe de jeunesse de plus.
Il n'en est donc rien et ce Brûle brûle brûle continue de creuser le
(micro) sillon ébauché il y a déjà 3 ans !
Pour résumer donc, rock résolument anglais qui pioche dans la fin des 70's et le début des 80's avec un chant en français qui ose des textes écrits comme s'ils étaient en anglais. Pas toujours littéraires mais qui font mouche, jamais niais même si parfois, peut-être, un peu "faciles" et en parfaite adéquation avec la musique.
Ils l'avaient prouvé, et d'autres avant eux, sur leur premier disque et ils confirment avec celui-ci : un album rock chanté en français, c'est possible.
Pourtant, l'album est encore plein de références (ou de mimétisme inconscient ?) parfois trop présentes et viendront à l'esprit sur ce Brûle brûle brûle quelques relents d'Indochine habilement mêlé à un rock plus brut, guitares et percussions en tête comme sur "Les dieux sont des rois".
Un rock efficace aussi sur "La triste histoire de buts bunny" avec sa guitare ronflante et son texte entêtant.
Car mine de rien, Asyl a un certain talent pour faire sonner les mots certes simples, et la musique sans toucher même de loin la caricature du "rock français" et on imagine sans même le même album chante en anglais faire un vrai carton.
Ceci dit, reconnaissons que "Banquet de mendiants", ça en jette moins que "Beggars banquet", il faut s'y faire et peut-être que les textes mériteraient un petit allègement. Mais la chanson presque parfaite de l'album existe et on la frôle même à plusieurs reprises, que ce soit sur "Tout pour moi (rien de moi)" tendue et soutenue ou sur le duo de "Ne plus y penser" noire, à la façon de Kat Onoma.
Duo à double tranchant d'ailleurs puisqu'il fait appel à Daniel Darc.
Daniel Darc, caution rock incontournable devenue presque obligatoire pour recevoir le "label rouge" du rock, du genre "Daniel Darc est sur notre album alors c'est sûr, on fait du bon rock", comparable aux inombrables et inégales productions de Steve Albini. Cependant, cette prestation là a largement sa place sur le disque et s'affranchit de toute suspition qui pourrait peser sur la sincérité de cette collaboration face à l'argument Commercial. "Ne plus y penser"
est définitivement une belle chanson sublimée par la prestation de Darc, seul interprète pouvant aussi bien incarner ce titre.
Au final, ce deuxième essai des Asyl est peut-être plus abouti que son prédécesseur, marquant largement le chemin emprunté par le groupe qui se disperse peut-être moins en références que sur Petits cauchemars... Pourtant, il manque toujours un petit quelque chose, indéfinissable mais que l'on imagine pouvoir reconnaitre s'il était là, qui nous laisse un peu sur la réserve.
Peut-être que cela tient à une certaine lourdeur des textes qui voudraient parfois trop sonner anglo-saxons pour paraître élégants à l'oreille, même si le fond est plaisant. A moins que ce ne soit dû à un certain maniérisme qui sent le mimétisme plus que la sincérité, sans pour autant prétendre remettre en cause les bonnes intentions du groupe mais leur relative jeunesse a peut-être encore du mal à imposer un style fait de beaucoup d'influences.
Dans l'immediat, Brûle brûle brûle est un très bon disque de rock français qui plane tranquillement au-dessus de la mêlée dans le genre (ne comparons que le comparable) et on a hâte de voir les charismatiques garcons nous le présenter sur scène, où ils ont pour habitude de faire des merveilles. |