L’idée peut sembler saugrenue de prime abord, mais c’est avec Grand Corps Malade que l’on a souhaité débuter cette édition 2009 du Furia Sound Festival. Un des nombreux atouts de ce festival basé à Cergy Pontoise étant de construire une improbable programmation oscillant entre pop-folk, chanson, rock et métal. Une diversité se retrouvant d’ailleurs logiquement au sein du public.
Revenons donc à l’enfant du Blanc Mesnil intronisé roi du slam hexagonal depuis quelques années. D’emblée, la simplicité, la retenue et l’émotion dégagée par Grand Corps Malade surprennent et perturbent tout autant. Musicalement, rien de franchement passionnant, sorte de variété cheap assez pauvre et guère intéressante. Néanmoins restent les textes. Racontant le quotidien, des sentiments, des anecdotes, avec des mots simples mais qui, assemblés, donnent naissance à des textes complexes et remarquablement bien écrits. Plus une volonté de découverte qu’un réel attrait musical au départ mais une expérience au final tout à fait concluante.
Difficile d’en dire autant de Pascal Picard. Accompagnée d’un backing band de rockeurs du dimanche, la canadienne pataugera durant quarante bonnes minutes pour essayer de sortir son pop folk des ornières FM. En vain.
Place ensuite à Secret Chiefs 3, formation américaine fondée par Trey Spruance, alter ego de Mike Patton (Faith No More) au sein de Mr Bungle pour ce qui demeurera la meilleure prestation de ce premier jour. A l’instar de Sunn O))), les musiciens (quatuor rock complété par un violon) se présentent vêtus de toges noires avant de se lancer dans un surf métal des plus surprenants. Majoritairement instrumentaux, les morceaux pourraient s’apparenter à une bande originale de film de série Z sixties ou d’Ennio Morricone – les influences de Mr Bungle restant à proximité. Et puis reste le fameux Trey Spruance alternant guitare surf et cithare électrique. Une franche réussite.
Pas grand chose à dire sur Arthur H, sauf faire état d’une incompréhensible déception. Pas d’attente particulière pourtant, mais une pauvreté musicale impressionnante couplée à un discours anti-sécuritaire complètement déplacé bien que totalement fondé. Perturbant.
Retour sous le chapiteau pour Zone Libre Vs Casey & Hamé, atypique projet mêlant Zone Libre et deux des meneurs de La Rumeur. La rencontre entre ces deux formations déjà croisées séparément promettait un melting pop explosif. Doublé d’une appréhension légitime tant les tentatives de fusion rap/rock s’avèrent compliquées et rarement réussies – exceptions faites des intouchables Beastie Boys ou RATM –. Foutaises ! Tant le set demeurera parfait, entre les sublimes motifs instrumentaux dessinés par le trio Teyssot-Gay-Sens-Bilbeaud et les joutes vocales de Casey et Hamé.
Pas de longues théories à dresser sur The Go Team, hédoniste groupe électro-rock faisant le bonheur des festivals. A vous déchaîner une piste de danse ou un public en fin de journée. Aussi à vous faire jeter votre lecteur de musique portable par terre au bout de trois morceaux.
On préfèrera donc patienter dans l’herbe au loin avant Deerhoof. Après deux sets phénoménaux aux festivals Sonic Protest et Villette Sonique, Deerhoof s’offrait donc un retour en grâce en clôture de cette première journée de Furia Sound. Celui de ce-soir débute très tardivement, près de minuit, des conditions clairement pas idéales mais dont il faut s’accommoder. Deerhoof ne rate jamais ses concerts, tout juste si l’habitué parvient à déceler à la marge les bons des moins bons soirs. Quasi-intégralement dédié à leurs deux derniers opus Friend Opportunity et Offend Maggie, celui-ci se positionnera pile dans la moyenne. Du Deerhoof pur jus. Des sauts de puce de Satomi aux fulgurances guitaristiques de ses partenaires. Sans oublier Greg et ses prouesses derrières ses fûts ou le micro (en français). On rentre à Paris le sourire aux lèvres.
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