Tragédie d'Euripide, mise en scène de Elias Belkeddar, avec Léa Forest, Lisa Spurio, Elie Triffault, Antoine Louvard et Clara Noël;
La Compagnie du Dernier Geste, on l'avait remarqué avec l'excellent "Guerre" de Lars Norén il y a trois ans où elle s'imposait comme une jeune compagnie à suivre. Et puis il y avait eu "La vie est un songe" de Calderon où manifestement elle s'était attaqué à un trop gros morceau et où malgré de très bons moments, l'ensemble décevait par rapport à ce qu'on pouvait en attendre.
Et voilà qu'elle revient au festival cette année avec un grand texte à nouveau : "Iphigénie à Aulis" d'Euripide. Et là : pas de réserves, chapeau bas. Ce sera certainement un des spectacles les plus marquants vus cette année dans le Off.
Dès le départ, dans une pénombre semblable à une apocalypse, Agamemnon vient de demander à sa femme Clytemnestre de sacrifier leur fille Iphigénie, et déjà la tragédie est lancée. Pendant plus d'une heure, on ne décrochera pas.
Des comédiens habités, plus que ça : "transcendés" nous aimantent et nous illuminent de leur foi, de leur investissement et leur capacités à porter un texte de cette envergure dans chaque mot, dans chaque souffle d'un travail qu'ils portent collectivement et avec ferveur.Et passent d'un personnage à l'autre avec grande habileté.
La mise en scène précise, intelligente et juste d'Elias Belkeddar (apparemment marqué par le travail du Théâtre du Soleil) donne à voir avec flamboiement ces pages torturées de la mythologie. Il y est question de pouvoir, d'amour et de haine, de sacrifice aussi. Tous les ingrédients d'une tragédie populaire (au sens noble) et impressionnante.
Avec ce spectacle, la Compagnie du dernier Geste - je l'ai déjà dit et vais donc me répéter - qui incarne le théâtre de demain, aux comédiens tous sensationnels sans exception, livre un spectacle puissant, incandescent et plein de fureur traversé de moments absolument hypnotiques. La grande classe !