Spectacle
équestre conçu et exécuté par Bartabas,
avec le cheval Le Caravage et les musiciens Kudsi Erguner et
Nezih Uzel.
Samedi, 5h00 du matin devant l'entrée de la Cité
Internationale, une longue file d'un peu plus d'une centaines
de personnes motivées attend sur le trottoir, devant
la sortie du RER fermé à cette heure, pour venir
voir "Lever du Soleil" de Bartabas.
Dans le cadre de Paris Quartier d'Été, ce spectacle
est donné dans divers jardins de Paris pendant une dizaine
de jours, et est programmé pour se terminer à
l'heure du lever du soleil.
On traverse la Cité Internationale à la lueur
de lampes-tempête posées sur le sol vers un espace
dégagé, protégé par quelques grands
arbres sombres. Le cheval, Le Caravage, un superbe alezan, est
déjà en train de tourner, mené à
la longe. On nous demande, dans un murmure, de ne pas faire
de bruit en prenant place sur les deux rangées de bancs
de bois installés en cercle. Il fait sombre mais la présence
proche du boulevard périphérique, dont on entend
le bourdonnement continu, éclaire le manège improvisé
d'une couleur vaguement orangée.
On distingue seulement ses voisins les plus proches. De petites
hirondelles passent à la hauteur des têtes. Quelques
oiseaux sifflent déjà. Il ne fait pas froid.
A 5h35, Bartabas entre dans le manège, vêtu d'une
longue tunique noire, fendue et qui lui descend jusqu'aux pieds,
la tête encapuchonnée. Il selle le cheval avant
de le monter.
Les deux musiciens turcs, Kudsi Erguner au ney et Nezih Uzel
au tambourin bendir, entament de lentes mélodies soufies.
Les figures s'enchaînent, changements de pieds, pirouettes,
cessions à la jambe, tête au mur, pas espagnol...
Vers 6 heures du matin, les oiseaux se sont tus. Nezih Uzel
chante. Le Caravage passe à quelques centimètres
des jambes des spectateurs des premiers rangs.
10 minutes plus tard, les oiseaux ont repris leur chant, les
hirondelles ne volent plus, un premier jogger en intrus légèrement
incongru passe dans le parc. Petit à petit, les silhouettes
de Bartabas et du Caravage sont finalement sorties du flou.
On se rend compte qu'on peut distinguer clairement, dans l'aube
grise, les musiciens et les autres spectateurs, celle-ci emmitouflée
dans un châle ou celui-ci en tongs et t-shirt. Le lever
du jour ne sera pas spectaculaire ce jour-là, temps gris,
quelques touches de ciel bleu derrière les nuages.
A 6h33, le soleil est officiellement levé. Le spectacle
se termine. Le Caravage est dessellé, Bartabas se retire.
Seul dans le manège, sans écuyer ni palefrenier
pour tenir la longe, Le Caravage s'agenouille comme pour saluer
les spectateurs, se roule au sol, souffle, avant que l'écuyer
ne vienne le ramener dans ses quartiers. Il est l'heure d'aller
prendre un café et un croissant, et de voir Paris qui
s'éveille en rentrant chez soi. |