Retour à la Route du Rock, accréditation autour du cou, familiarité gagnée quant à la ville, aux lieux et autres buvettes / crêperies du festival. Je me concentre d’abord sur la programmation du Palais du Grand Large, autrement nommé Palais Sony Ericsson. Christophe Brault aime le rock comme un véritable fou furieux. Quoi de mieux que commencer comme disquaire, puis journaliste pour devenir enseignant à l’université de Rennes.
Autant dire qu’il n’est pas là par hasard et qu’il a choisi selon ses goûts le sujet de sa conférence "Le Bruit et la Mélodie", on ne peut plus à propos, après le ravage des Bloody. D’une verve sans pareille, Monsieur Brault retrace la route du rock qui conduit des Ramones aux Liars en passant par Neubauten, Les Dinosaur Junior, Radiohead, My Bloody Valentine, Tortoise, Sonic Youth…"Le bruit et la mélodie", quid de la fureur pour ces groupes shoegazers en tout cas ? En tout cas, merci Christophe d’avoir partagé autant d’anecdotes, d’images et d’extraits musicaux et donner un semblant d’ordre à l’aventure rock des années 2000.
Le premier groupe au Palais est The Present, un groupe de deux : une guitare, une boite à rythme et un clavier. Un garçon et une fille pour une musique calme, planante qui sent le frais avec une pointe New Age. Si tranquille qu’on en a les paupières lourdes.
Eux aussi étaient au concert des Bloody Valentine et ça suffit à leur bonheur. Il faut avouer à leur décharge que les fauteuils du Palais sont confortables et qu’on s’y coule comme un camembert oublié sur le frigo.
Forest Fire, en second, est un groupe en provenance de New York, dont l’album Survival est distribué par le label indépendant bordelais Talitres Records, qui prend ses quartiers dans le stand dévolu aux labels indés du Fort de Saint-Père. Forest Fire est d’une séduction immédiate, son leader sorte de Jarvis Cocker à moustache compose un folk rock qui lancine son blues. Un charisme indéniable, Forest Fire est loin du feu de forêt, c’est cependant une découverte de cette édition. Je vous parlerai de l’album sous peu.
Comme de bien entendu, on ne peut être au Fort et au moulin. Aujourd’hui j’arrive bien tard dans la forteresse construite pour protéger la France des Anglais ennemi héréditaire.
Je ne serai pas là pour St. Vincent et si peu pour Papercuts, trop occupée à échanger mes piécettes de pirates contre breuvage à mousse. Je me demande bien si cette soirée se drapera de la même gravité rock que la veille.
Camera Obscura s’avance, la nuit tombée. La chanteuse, maquillée comme une pin-up américaine des années 50 restera pendant toute sa prestation bien statique, accrochée à sa guitare, de peur qu’un cheveu dépasse.
Rock un peu désuet qui flirte avec le twist, qui balance une trompette par ci par là. Parfaitement gentillet, primesautier, ce n’est pas exactement le souffle qu’on attend ce soir. Que diable, du corps ! Du nerf à notre affaire ! Un groupe vivant ou une peinture en trompe l’œil, on ne sait plus la différence.
The Kills arrive heureusement pour agiter le bocal. Il parait qu’Alison Mosshart était méchamment malade, rien n’y parait pourtant.
Jamie Hince, qui s’affiche en couv’ des magazines people depuis qu’il partage la vie de Kate Moss, lance les premières notes de "URA Fever" et c’est le public qui se retrouve, dopé, excité par la tigresse arpentant la scène, s’approchant tantôt du public, tantôt de son camarade qu’elle encourage d’un baiser. Jamie Hince est anglais et bien élevé : il s’excuse d’un réglage de guitare, et remercie après chaque morceau.
Rock Punk et guitare énergique, Alison remporte haut la main le titre de rockeuse la plus sexy du festival. On aime sa voix rauque, ses gestes désordonnées, son jean et ses cheveux de jais qui cache un joli visage, comme si sa beauté la gênait.
Elle a été récupérée par Jack White dans sa dernière formation Dead Weather, il ne faut pas chercher pourquoi. Cette fille est une "femme fatale", imaginez la voix de Nico sur la chanson des Velvet Underground.
Moi j’en avais ma dose pour aujourd’hui, on m’a dit : quand même reste pour Peaches, tu vas voir, c’est le délire.
Bon OK, j’ai vu les combattantes de Concha Libre envahir la scène, cagoulées d’argent, avec des capes. Et après quelques mesures de batterie, je me suis dit que la peinture était là pour cacher la misère. Enfin, les gens commençaient à sauter, crier, se libérer. Peaches autorisait à faire n’importe quoi, à être vivants aussi. |