Bristol est à l'honneur ces jours-ci. Au moment où François and the Atlas Mountains est en train d'accomplir un trour de force indé mémorable, c'est au tour des singuliers Misophone de sortir leur treizième album (oui, oui), cette fois chez Another Record en France.
Si le duo n'est volontairement pas un groupe de scène, mais un pur projet studio, il réussit à créer des atmosphères dont eux seuls connaissent le secret. Sorte de fête foraine vintage un peu foutraque, cet album se démarque tout de suite par des sons d'outre-tombe et des tournures alambiquées qui rappelleront tour à tour Animal Collective circa "Sung Tongs" (sur "Castles in the sand" ou "Rest Asleep"), Guided by Voices ("Run Run Run") ou encore les mélodies balkaniques de Beirut (le très catchy "A ghost of right wing America").
On se surprendra à se demander d'où vient ce son lo-fi poussé à l'extrême sur "Days of regret" que Daniel Johnston aurait pu composer et enregistrer sur son vieux 4-pistes du fond de sa chambre d'ado. L'aspect bouts de ficelle du disque rejaillit sur la fin ("The faces in the window") et l'ambiance se fait tout-à-coup claustrophobique à souhait.
Le disque se termine sur le titre le plus dynamique, "Cow Bell Blues", sorte de punk champêtre réjouissant qui laissera sa place à des nappes de vieux synthé rachitique demandant une trève.
Un disque qui semble sorti d'archives de l'au-delà, et c'est ce qui fait son charme; grand bal décadent intemporel et pourtant anachronique à souhait, I sit at open windows rafraichit par sa poésie et sa sensibilité, mais aussi par un sens de la dérision que l'on lit entre les lignes ici et là ; entres hymnes décharnés et ritournelles obsessives. |