Comédie dramatique de Juliette Speranza, mise en scène de Hélène Darche, avec Hélène Darche et Christophe Allwright.
Une femme de dos parle d’amour et d’absence. On comprend rapidement qu’elle parle de son petit garçon, renversé en vélo par une voiture. Le vélo, posé dans la pièce, lui sert de lien pour recréer sa présence.
Et peu à peu on remonte le temps, reconstituant le puzzle de ce tableau éclaté d’une mère en souffrance. Le texte, bouleversant mais aussi teinté d’humour et émaillé de situations cocasses qui allègent la dureté du propos, montre la dérive de cette femme qui nie l’évidence et bascule peu à peu dans une folie dévastatrice.
Une seule personne pourtant l’écoute avec dévouement : son médecin (excellent Christophe Allwright) qui, tiraillé entre son devoir et cet autre chemin qui le fascine, lui-même étant enchaîné à l’alcool, va peu à peu l’accompagner dans sa démence. Et se soutenant l’un et l’autre comme des bouées, accrochés chacun à leurs addictions, ils se reconstruisent un monde à deux loin de toute réalité, échappant du même coup peut-être au pire…
Dans le rôle de cette femme, Hélène Darche est stupéfiante de fêlure, de puissance et d’émotion. Et l’évolution de cette femme, dont la mémoire s’est arrêtée et la diction titube, est impressionnant. Sa prestation est à ranger dans la liste des grandes performances tant son investissement dans ce personnage est total.
Et la pièce d’une grande originalité, à la mise en scène épurée (signée Hélène Darche également) qui met en valeur le face à face de ces grands comédiens et la partition splendide de Juliette Speranza, retentit comme une déflagration dont l’éblouissement nous poursuit longtemps après.