Comédie
dramatique de Slavomir Mrozek, mise en scène de Camille
de la Guillonnière, avec Céline Creux-Thomas,
Amélie Etasse, Frédéric Lapinsonnière,
Astrid Ortmans, Damien Vigouroux et Jessica Vedel.
"Tango" est une pièce de l'auteur polonais
Slawomir Mrozek.
Bouleversant l'habituel conflit de générations
où l'enfant se révolte contre l'ordre et les conventions
familiales, il propose une farce aux rôles renversés.
C'est Arthur le fils de la famille qui se rebelle ici contre
le laisser aller de ses parents et ses grands parents. Drôle
de tableaux en effet que cette maison en désordre où
les objets ne sont jamais jetés, ou les reliques du passé
jonchent le sol et encombrent la salle de séjour.
Les parents ne se sont jamais soumis à la moindre discipline,
écoutant leurs désirs, le "jouir sans entrave"
de leur jeunesse dissipée. Ils n'avaient pas imaginé
que leur progéniture serait un jeune fanatique, comme
s'il sortait d'un meeting politique et qui, à vingt cinq
ans n'aurait plus qu'une idée un tête: "liquider
mai 68", instaurer l'ordre, rétablir la société
compassée du gaullisme. Il ne voit que perte de repère,
que décadence dans le mode de vie choisi par ses parents.
Mais peut-il régénérer l'humanité
? En a-t-il les moyens ?
Mrozek ne nous mettrait-il pas en garde contre les mouvements
de balancier de l'histoire? En quel modèle de société
espérer s'il ne nous apporte pas le bonheur? Que deviennent
les idées de révolution trente ans après?
La famille n'engendre -t-elle pas comme mini organisation sociale,
les mêmes tensions quelque soit sa forme? Une organisation
nécessairement ordonnée et structurante c'est-à-dire
porteuse d'interdit.
Les "Compagnies Ker Lan La Rousse et du Rire en carton Fat
proposent une mise en scène burlesque et voilent d'un
parti pris farcesque tout le drame. Personnages poussés
jusqu'à la caricature, intermèdes dansés
et chorégraphies proches des films muets. On en ressort
avec un sentiment de malaise, ne trouvant personne en qui croire.
Arthur et son discours prétentieux et totalitaire est
très vite perçu comme dangereux. Les représentants
de la pensée libertaire sont alcooliques, veules et égoïstes.
Le bon sens populaire est aussi tourné en dérision,
concentré sur son appétit, il est aussi destructeur.
Alors quoi? Des marionnettes et un air de désespoir ...
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