Lecture
de lettres de Rosa Luxemburg par Anouk Grinberg.
Une petite table en bois et un bouquet de fleurs des champs.
Assise, lunettes sur le nez, Anouk Grinberg se tient là
et vient nous lire, page après page, des lettres choisies
et traduites par elle (avec Laure Bernardi) de Rosa Luxemburg.
Des lettres, non pas politiques, de celle qui fût l’une
des grandes révolutionnaires du siècle dernier,
mais plutôt d’ode à la vie toute entière
à travers des observations sur les fleurs ou les animaux
et envoyées depuis sa prison en pleine première
guerre mondiale.
A chacune de ses lettres, qu’elle vante les beautés
de la Corse ou d’un buffle, il émane une acuité,
une sérénité et une lucidité exemplaire
chez cette femme honnête et entière, au parcours
hors du commun. Son approche des choses dans la vie quotidienne
et son rapport aux gens la rendent infiniment humaine et c’est
une belle leçon de vie qu’on reçoit de la
part de celle qui avait comme surnom "Rosa la sanguinaire".
C’est sobrement et sans artifice de mise en scène
qu’Anouk Grinberg, incontestablement en parfaite osmose
avec son modèle et vibrante des mots qu’elle nous
offre, incarne avec émotion une Rosa bienveillante et
fière.
Et quand on quitte le théâtre dans le soleil de
cette fin de dimanche après-midi et que le parc voisin
retentit de la clameur des enfants, on se sent soudain un nouveau
regard sur les choses et les gens, et heureux d’avoir
partagé un tel moment. |