DFA est un des labels electro parmi ceux qui ont su s'imposer comme des références du genre grâce à quelques productions qui font autorité en la matière et en l'occurrence, on citera évidemment LCD Soundsystem ou The Rapture, que tout le monde connait.
Et c'est précisément en imitant, ou en rendant hommage selon les sources, à ces groupes, s'impossant comme autant de référence pour Jona Betchtolt dans un titre remarquable ("Summer song") qu'il furent remarqués précisément par James Murphy, patron du label DFA et membre des LCD Soundsystem. Ému par l'hommage ou clairvoyant sur le talent de Yacht, DFA signe donc ce See Mystery Lights qui se trouve, mine de rien, être le quatrième album du groupe !
Et autant ne pas se voiler la face, les trois précédents ne valaient pas tripette à côté de celui-ci.
Cela est sans doute dû à la signature sur l'exigent label américain bien sûr mais aussi à l'arrivée dans le groupe de Claire Evans, venue renforcer ce qui était finalement plutôt un projet solo jusqu'à présent et qui se structure nettement plus sur ce disque, en prenant une direction, certes, très electro dans la réalisation mais fortement pop dans l'intention.
Ainsi, si la première impression nous amène vers les collègues de label de Yacht, on s'en éloigne rapidement pour se rapprocher de groupes aussi expérimentaux, ludiques et pop que Animal Collective qui tombe comme une référence immédiate mais aussi les vénérables Talking Head qui, il y a fort à parier, n'auraient pas renier "Ring the Bell".
Que dire également des 9 minutes de "It's Boring... You Can Live Anywhere You Want", si ce n'est qu'il ne nous laisse pas le temps de nous ennuyer avec ces changements incessants, débutant comme un Animal Collective excité comme une puce, avec une montée de chant digne d'une Kim Gordon et une suite plus electro expérimentale rappelant le bricoleur Aixois Nicolas Cante et sa Mekanik Kantatik. Dans un style plus apaisé, "Psychic City Voodoo City" enfonce le clou de la pop dans le grand sampler electro et cet irrésistible gimmick vous poursuivra longtemps "aaaayayaya" (oui je sais, je le fais pas super bien).
Les titres plus funky ("We have all we've ever wanted" et "Don't fight the darkness") sont peut être les moins agréables à l'écoute, comme si Prince avait fait les mauvais mélanges (musicalement parlant). On aura tendance à les éviter lors d'une écoute répétée du disque ce qui n'est pas grave puisqu'ils se trouvent en toute fin exception faite de deux remixes de "I'm in Love with a ripper" et de "Psychic City Voodoo City".
"You can live anyway you want", nous répète une entêtante voix sur "It's Boring... You Can Live Anywhere You Want". On veut bien croire en tout cas que Yacht se fie à ce précept et s'en ait donné à cœur joie sur See Mystery Lights pour notre plaisir à tous ! |