On entend depuis quelques temps des rumeurs, quelques titres ça et là, mais ça ne peut pas être vrai, plus maintenant, il est trop tard. Pourtant, cette rumeur se concrétise désormais par un album et mieux, une tournée ! Mais que vient donc faire un tel groupe dans le paysage sonore actuel sinon passer pour un trublion ou un groupe de vieux cons pour des vieux cons de plus ? Car oui, il s'agit bel et bien d'un incroyable groupe qui se cache sous le curieux nom de Bad Lieutenant.
Né sur les cendres dispersées de New Order, le groupe est donc composé de Steve Morris à la batterie et de Bernard Sumner au chant. Exit donc Hooky et ses lignes de basse surpuissantes qui prépare de son côté un Freebass qui ne devrait pas être piqué des chikungunyas. A la place, on trouvera le bassiste de Blur, Alex James, Tom Chapman et Phil Cunningham à la guitare, qui avait rejoint New Order en fin de vie. On decouvrira aussi la voix de Jake Ewans sur quelques morceaux. Fin de vie qui n'avait pas empêcher le groupe de sortir un petit chef d'œuvre intitulé Waiting for the siren's calls. Appel des sirènes qui semblent avoir été entendu donc puisque Peter Hook a cédé à d'autres tentations.
Bad Lieutenant est donc un super groupe, doublement même puisqu'il nait d'un groupe super et regroupe quelques pointures... des années 80.
Et c'est cela qui inquiète au départ. Est-ce que ces vieilles gloires, pire, est-ce que les restes de Joy Division ont encore leur place ailleurs qu'au Panthéon du rock ? Surtout que l'on garde des souvenirs inégaux des différents projets des membres du groupe. Revenge pour Peter Hook, Monaco ou encore Electronic pour Sumner avec l'immense Johnny Marr, The Other Two pour Morris en compagnie de Gillian Gilbert que l'on oublie trop souvent parmi les membres de New Order (d'ailleurs, qu'est-elle devenue ?).
Bref, pas que des réussites. Loin s'en faut.
Le postulat de Bad Lieutenant est simple : faire du New Order sans la basse de Hooky qui, même s'il en gardait sous le pied sur les albums "modernes" du groupe, apportait ce qui en faisait l'essentiel de l'identité avec la voix de Sumner.
Le résultat est plutôt convaincant et les fans ne seront pas totalement dépaysés.
D'abord, parce que la voix de Sumner est toujours aussi incroyable et juvénile (à 50 ans passés !) et puis aussi parce que la plupart des compositions auraient pu être sur un album de New Order, au risque de frôler la redite, à certains moments comme sur l'introduction de "Summer Days on Holiday" qui rappelle "Ruined in a day" ou encore quelques réminiscences de la période "True faith" sur "Shine like the sun".
A plusieurs reprises, la ligne de basse se rapproche aussi de celle de Hook, notamment sur "Poisonous Intent".
On pourrait même pousser plus loin les sensations de déjà entendu en remontant jusqu'au temps de Joy Division avec l'électronique "Dynamo", proche d'un New Order première période et pas si loin de la noirceur de Joy Division dans sa construction. "Sink or swim" qui ouvre l'album n'est pas en reste et la réponse sera forcément "swim" car nous n'avons de toute façon aucune envie de voir sombrer le navire une autre fois.
Ce disque est donc dans la lignée du travail de New Order et offre une belle pierre à l'édifice du groupe symbole et témoin de 30 ans de musique !
Mais loin de ne s'adresser qu'aux fans, Never Cry Another Tear saura trouver peut-être un plus jeune public grâce à quelques jolis tubes qui ne nous auraient pas déplus quand nous avions encore 20 ans... un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre... autrement que par la discographie de New Order.
Passons sur l'inutile gérémiade de fin d'albums. Ici, elle s'appelle "Head into tomorrow" et n'est pas le meilleur choix pour laisser une bonne impression de ce disque.
Pourtant, Bad Lieutenant a sans doute déjà la tête ailleurs, même si nous espérons déjà que ce ne soit pas le groupe d'un seul album.
Ce Bad Lieutenant est en tout cas un très bon compagnon, avec qui on a envie de passer de longs moments à réécouter la discographie complète des plus cultes des Manchesteriens ! |