Je pensais assister à une soirée de type 2+2 ; je ne veux pas faire allusion ici au célèbre club échangiste parisien, mais au fait que Left Lane Cruiser et The Magnetix sont deux duos, guitariste + batteur. Malheureusement, les 4 toulousains de Jake of Heart jouaient entre ces deux groupes et ont quelque peu plombé la soirée.
Les Ricains de Left Lane Cruiser entament parfaitement la soirée, de par leur blues pêchu en slide guitar. Cela en devient même punky.
Puis vinrent les français du sud-ouest : Jake of Heart. Je vais peut-être paraître de mauvaise foi, mais à les regarder je sens une certaine forme d’usurpation. S’inventer un style d’alcoolo-rebello-déguingandé aurait pu prendre, si leur démarche n’était pas un tantinet exagérée (en tout cas ce soir). Surtout que si le but était de ressembler aux Black Lips, il aurait fallu que ce soit moins voyant. Ils ont l’air d’un groupe de fans imitant leurs idoles d’Atlanta. On aurait même dit que l’arrivée à l’arrache quelques minutes avant leur passage en scène était calculée. Ainsi, on eut droit au check fait vite fait en 10 minutes, à de pauvres blagues bas du front… Leur ingé-son doit également croire que pousser les faders de la console pour faire mal aux oreilles fait partie du mythe Jake of Heart et que le public va se dire : "whaouh, ils jouent trop forts, c’est trop des bad boys du rock garage !". Et bah non ; au contraire.
Bref, ça devient limite gênant ; j’ai mal pour eux. Et comme c’est même pas marrant, je sors de la Boule Noire pour déguster un Big Mac, et accessoirement passer le temps. D’ailleurs, le coin fumeur à l’extérieur de la salle est désormais blindé.
Lorsque je suis revenu, ils jouaient encore (pffff…) ; la moitié du public discute au bar, l’autre moitié applaudit poliment. Bref, un vrai grand moment de rock’n roll oubliable. Je ne comprends pas trop comment ils font pour aligner les tournées hors de la France. Un jour sans ? Dommage, car c’est pas dégueu à écouter chez soi.
Le bourru Looch Vibrato à la guitare et au chant, la dominatrice Aggy Sonora à la batterie : voici enfin The Magnetix. Et ils sont bien partis pour commencer à fond et finir encore plus fort. Ok, la plupart des groupes pêchus essaient de procéder ainsi, mais ces coquins bordelais arrivent toujours à trouver ce "je ne sais quoi" d’unique pour arriver à leurs fins.
La recette est pourtant simple : la batterie rockabillesque fait "tchac tchac poum, tchac, poum" et la guitare, grasse et fuzzy, gorgée de reverb à ressort, sonne comme quatre. Rapidement, parmi les premiers rangs, les pogos s’enchaînent.
Looch hurle comme s’il chantait pour la dernière fois, une groupie monte sur scène pour danser à ses côtés, un mec très alcoolisé prend son élan sur scène pour slamer sur la foule, un gobelet de bière s’envole. Tout cela se répètera sans cesse durant un set sans temps morts (sauf une intro foirée et refaite, mais chez eux ça compte pas). D’ailleurs, le public est lui aussi en transe dès les intros tant celles-ci envoient du bon gros pin des landes, comme sur les titres "Fiend of time" (sur le précédent album), "Living in a box" ou "Mort clinique" (sur le dernier opus).
Sur la fin, tant son jeu de guitare est aérien, Looch bloque la tête de sa Gibson dans un câble électrique reliant les projecteurs juste au-dessus de lui. Comme ça a l’air de lui plaire, il la laisse là, tel un pendu encore agonisant et se débattant de moins en moins. Il termine donc avec une autre guitare. Et pendant le rappel, il en profitera pour boxer tel un vulgaire sac de sable cette malheureuse ES335 vintage pendouillante qui ne lui avait rien fait, qui sonnait du feu de dieu et qui doit bien valoir 3000 euros sur eBay (oui, je suis très matérialiste).
Bref, toujours très impressionnants sur scène, les Magnetix remportent cette soirée par K.O. |