Silence, grincements de cordes... Violons, guitares, contrebasse... Et une montée en puissance jusqu'à l'arrivée de la voix caractéristique de Fabb qui répète crescendo "Absurdity".
On reconnait entre mille l'ambiance qui se dégage des musiques de B R OAD WAY, toute aussi noire et oppressante que rêveuse et étherée.
Le groupe ne cesse de progresser et de s'afirmer tant en marquant de son empreinte le projet John Venture qu'en ayant livré un album superbe l'an dernier, Enter the Automaton, mature et maitrisé.
Toujours à la recherche de nouvelles experimentations, Gang Plank est une fois de plus le fruit d'une collaboration improbable et étonnante avec un quatuor à cordes, le Quatuor Pli. Le mélange d'electro pop avec une musique symphonique n'est certes pas un projet nouveau sauf que dans ce cas, le Quatuor ne fait pas précisément dans la symphonie mais plutôt dans la "dissonie" (ça se dit ça ?).
En fait, ce fameux quatuor est spécialisé dans la musique improvisée, ce qui change quand même pas mal la donne.
B R OAD WAY ajoute donc de l'accident dans leur musique toujours parfaitement maîtrisée dans tous ses détails, de la voix de Fabb aux platines facétieuses de Gio. Un accident calculé au final avec des pièces de cordes qui s'intègrent à merveille aux 7 titres (seulement) de ce disque, à tel point que l'on se demande comment on aurait pu s'en passer (ce que l'on ne manquera pas de découvrir lors de leur tournée pour partie sans le quatuor). La musique du Quatuor Pli ponctue ou renforce, au gré des morceaux et prend même le dessus parfois comme sur "Nobody says anything anymore" qui étire ses 6 minutes 30 comme un rêve vaguement alcoolisé.
On retrouve aussi bien entendu la scansion particulière du chanteur notamment sur "Origamic", tendu et délicieusement noir avec son clavier dissonant assez perturbant avant d'être envahi par le morceau comme par une tempête qui nous fonce dessus. "Cunning tricky stunts" dense et oppressant est le titre fort du disque. Dense et surprenant, difficilement descriptible, le mélange electro acoustique atteint des sommets de cohésion et la puissance des basses vous saisit aux tripes (et encore plus en live, leur musique devenant réellement organique).
"Double deckers" conclut ce disque et cette trop courte collaboration dans un style très B R OAD WAY sur lequel il manque les images que l'on devine préparées par Vj Raise. Raison de plus pour aller découvrir tout cela aussi en concert.
Les B R OAD WAY nous avaient déjà habitué aux mélanges des genres mais avec Gang Plank, ils se défont de toutes contraintes et de toutes les étiquettes. Hip pop punk symphonique expérimental visuel ? Par exemple et entre autres.
Et même si ce disque porte la mention EP, riche de seulement 7 titres, ses 40 minutes nous autorisent légitimement à le placer dans la liste des albums préfères de 2009 ! |