La
voix est douce, le tempo plutôt lent et au premier abord épurées.
On pense sur les première mesures de "Ether
Sings" à Suzanne Vega,
et puis plus tard à Liz Phair
ou Lisa Germano tandis que "Icebound
stream" a un petit quelque chose de Kazu,
chanteuse de Blonde Redhead.
Laura Veirs, jeune auteur compositeur
interprète, venu d'outre atlantique n'en est pas à
son coup d'essai et Carbon Glacier
son nouvel album est une belle réussite.
Elevée dans le Colorado au son du folk blues de papa elle
en a gardé l'essentiel. Autrement dit le goût pour
les arrangements léchés et les mélodies simples
et efficaces mais aussi des chansons habitées et pas seulement
interprétées.
Loin de l'Amérique bien pensante, Laura la douce est une
rebelle et si sa culture musicale est à chercher du coté
de Mississipi John Hurt, son idéologie
est plus grunge. En cas de doute, elle nous le confirme dans "Rapture"
rendant hommage à ses compagnons de pensées Kurt
Cobain et Virginia Woolf.
Car si on pouvait craindre de voir en Laura Veirs une chanteuse
à textes façon variétoche, une Isabelle
Boulay de langue anglaise, il n'en est rien et c'est un véritable
album blues acoustique qui vient titiller nos oreilles. Une économie
apparente de moyens servant parfaitement les chansons aux textes
efficaces et directs. Ces petites chansonnettes nous procure une
émotion rare et même surprenante, comme sur "Rapture"
et son petit sifflotement attachant ou encore le magnigfique "Shadow
blues" en duo avec Karl Blau
et sa voix chaleureuse et discrète à la fois, à
rapprocher du "Your Ghost"
de Kristin Hersh et Michael
Stipes.
Guitare acoustique et blues au programme certes mais aussi quelques
petites échappées ludiques comme sur le "Anne
Bonny Rag" qui, comme son nom l'indique, nous entraîne
dans un rag des années folles comme si on y était
tout en élégance et instrumental. Les guitares peuvent
également devenir plus agressives comme sur "Salvage
smile", beaucoup plus direct et "riot girl",
et les mélodies moins évidentes comme sur "The
cloud room", au refrain tubesque que l'on se surprend
à chantonner ("up in the air, up there, up there..").
Ce disque, qu'elle révèle avoir été
écrit en hiver, en porte toute la froideur mais de cette
froideur que l'on contemple derrière les vitres, au chaud
près de la cheminée confortablement installé
dans un fauteuil de cuir....
Sans révolution, Carbon Glacier est cependant un album à
découvrir dont le principal intérêt est cette
fausse douceur et cette fougue que dégage son auteur. Pas
aussi prolifique que Annie di Franco et pas exactement dans le même
registre , Laura Veirs mérite néanmoins tout autant
d'attention.
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