Sondre Lerche, norvégien de son état, nous avait déjà séduit avec son premier opus Faces Down (sorti en 2001 par Virgin Records Norway, toujours disponible en catalogue), petite chose pop de bon goût aux influences revendiquées (Beatles pour la composition, Nick Drake pour le folk dénudé, un peu de bossa pour plaire aux filles et des guitares saturées parce qu’il faut pas déconner…on est pas là que pour ricaner ! )

. Un album aux accents délicieusement kitsch qui semblait venir de nulle part et que l’on pouvait laisser traîner sur sa platine sans jamais se lasser.

On était alors un peu étonné lorsqu’il s’agissait de comparer le visage juvénile du chanteur/auteur/ compositeur sur la pochette – il a d’ailleurs fini ce disque tout en passant l’équivalent norvégien de notre baccalauréat – et la musique qui nous allait directement dans les oreilles, faisant appel aux plus anciens des archaïsmes pop, comme s’il en était un vieux routier.

Simple chance du débutant ou héritage bien maîtrisé ? Toujours est-il qu’après l’avoir vu lors d’un concert en 2002 à Lyon, on s’attachait à ce personnage de lutin du nord plein d’humour et de ressources. Il avait, à cette occasion, entièrement revu l’album pour l’adapter à la scène avec parfois des moments magiques (cf ses maxis CD avec toujours au moins 3 morceaux tirés de sa tournée aux USA) et encore une fois, l’alchimie fonctionnait à merveille.

Alors, il est vrai que l’on attendait le second album avec impatience sinon pour la musique, au moins pour prendre de ses nouvelles.
Et bien, on a eu les deux.

Two Way Monologue est sorti en mars 2004 et on a pas attendu pour aller se le procurer, un peu anxieux, beaucoup curieux. D’emblée la pochette semble nous dire que le bonhomme a un peu grandit. Plus de couleurs gentilles, on est dans le noir et blanc genre affirmation de personnalité. Toujours deux trois petits détails kitschs dans le leaflet… Bon… c’est norvégien, c’est pas grave.

Quant à la musique, on retrouve le même plaisir que sur le premier album. C’est du miel pour les oreilles, de la pop immédiatement reconnaissable à son goût sucré, ses "mélodies sparadrap" impossibles à déloger - expression que j’ai piqué au Capitaine Haddock- bref du bonheur pour nos cerveaux embrumés par l’hiver

. L’album est riche sans en être écœurant, passant de morceaux plus composés à de simples chansons ("Wet Ground") tout en restant dans l’esprit de légèreté dont il semble avoir fait son style. 12 titres de bonne facture qui nous confirment dans l’idée que Sondre Lerche à grandit, et sa musique avec, passant à une sorte de semi – maturité aussi bien dans la composition que dans l’optique générale de l’album à l’esprit plus travaillé que le précédent.

Et on se dit que la grosse tête est encore assez loin pour promettre un troisième album du même tonneau. Du beau travail, pas de quoi crier au génie, mais juste ce qu’il faut de dons pour nous faire passer un agréable moment en sa compagnie, celle d’un autre artisan de la pop sans prétentions mais qui va droit au but.