"Seasick Steve + guests" indiquait le billet. La première question de la soirée à fouler les rangs était bien de savoir qui étaient ces mystérieux invités. Aucune information sur le sujet.
Il est 20h, les portes du Grand Mix s’ouvrent et la foule s’étend doucement à l’intérieur. Beaucoup de connaisseurs, et d’autres tout simplement curieux.
Au bar, on entend parler un monsieur qui a fait 1000km pour venir ce soir au concert, de quoi tournait quelques oreilles attentives !
La scène est prête : une batterie dont la grosse claire est signée Seasick Steve, à côté d’une estrade sur laquelle se cotoîent une chaise, un micro et quelques boîtes à son.
La scène est déjà empreinte de l’ambiance à venir et semble prête pour Seasick Steve lui-même, pas pour une première partie, et c’est effectivement le cas.
Le grand Monsieur entre en scène dans sa plus simple dégaine, pantalon du dimanche et chemise à carreaux, accompagné par son batteur aux cheveux longs et blonds qui prend place derrière son instrument.
Steve s’installe sur l’estrade et s’inquiète de savoir s’il va être compris par son public francophone. Mais pas de peur à avoir, le public lillois est au rendez-vous et assure sa partie du spectacle en réagissant sans hésiter aux dialogues de Monsieur Steve ainsi qu’à ses chansons.
Avec "Happy (to have a job)" et son final imposant, le ton est donné.
Très vite, la bouteille de Jack Daniels rejoint la scène et s’efface à grandes gorgées directement au goulot dans la gorge de Seasick Steve. Le vieil homme aux 68 printemps ne manque pas d’humour et taquine son assistance volontiers.
Entre chaque morceau, il change d’instruments, mais reste toujours dans ses cordes, ou presque... De la vieille folk classique à l’électrique désinguée dont il ne reste que trois cordes, il nous présente sa boîte à cigares faite maison façon banjo, ou encore une planche de bois sur laquelle trône une seule corde accompagnée d’une poignet de porte de voiture inutile et d’une guirlande de Noël purement décorative.
Le monsieur a de l’humour quand il nous présente ces "piece of shit" qu’il propose au plus offrant, mais le monsieur a surtout du talent. Six, quatre, trois ou une seule corde avec son "Diddley-Bo" pour un morceau homonyme, il en impose. Avec son bottleneck il nous envoit des sons qui font du bien aux oreilles, dans un rythme blues typique de là-bas, et accompagnée d’un batteur attentif et tout aussi performant !
La chaleur monte, que ce soit dans le public ou sur scène, et Seasick Steve tombe la chemise. Entre chaque morceau, il se lève brièvement pour saluer chaleureusement son public, et en profite pour reprendre une ou deux gorgées de whisky. Ambiance décontractée à la cool, on se placerait bien autour d’un feu pour l’écouter et le regarder jouer toute la nuit. D’ailleurs, on y est presque quand Steve descend de son estrade pour venir flirter avec son public complètement sous le charme. Il n’hésite pas à serrer les mains des premiers rangs, à échanger avec eux, puis il s’assoit sur le bord de scène et se laisse encercler par son auditoire.
Cultivant sa relation au public, il fera monter une demoiselle du premier rang sur scène et l’invitera à le rejoindre sur la chaise voisine à la sienne, le temps d’une chanson.
La demoiselle bien qu’impressionnée joue le jeu et redescendra à sa place quelques minutes plus tard, des souvenirs indélébiles plein la tête.
Un autre morceau et Seasick Steve invite une demoiselle timide à le rejoindre, elle l’accompagnera le temps d’un morceau, laissant sa voix country se marier avec celle de Steve.
Les morceaux s’enchaînent : "Chiggers", "Seasick Boogie", "Never go west"... entre différents morceaux ils nous racontent sa vie, ses épisodes parfois difficiles lors de son adolescence.
De nouveau Steve retourne se mélanger à son public et finit par descendre complètement dans la fosse pour se mêler totalement à tous les spectacteurs. Un moment fort en émotions et en partage, qui touche profondément certains de ses fans, le monsieur aux mille bornes en particulier.
Après une bonne heure et demi de concert, Seasick Steve s’en va et le public s’éparpille dans la salle de nouveau, des notes de blues plein la tête. Seasick Steve nous a comblés et son nom restera gravé dans nos esprits comme sur chacune de ses guitares. |