Le
Musée Marmottan Monet accueille
une sélection d'œuvres du Musée
Von der Heydt de Wuppertal, musée qui détient
un ensemble exceptionnel d'oeuvres des différentes avant-gardes
du début du 20ème siècle, qui sont regroupées
sous le titre "Fauves et expressionnistes
de Van Dongen à Otto Dix".
Elle présente un nombre important de toiles, et quelques
dessins, d'artistes allemands et autrichiens engagés
dans des mouvements sécessionnistes qui ont été
influencés par l'aventure de la couleur initiée
par les fauves.
A noter que cette exposition qui comporte un nombre important
d'oeuvres des principaux initiateurs et représentants
de ces mouvements se déroule principalement dans la salle
de la rotonde et pâtit d'un accrochage "sec"
sans aucun cartel explicatif. Une documentation au préalable
est donc conseillée aux visiteurs qui ne sont pas des
historiens d'art.
Les avant-gardes d'outre Rhin
A travers une sélection d'œuvres de premier plan,
cette exposition dresse un panorama des avant-gardes d'outre-Rhin
qui, de Van Dongen à Otto Dix, c'est-à-dire du
Fauvisme à la Nouvelle Objectivité en passant
par l'Expressionnisme, ont secoué l'histoire de l'art
d'outre-Rhin sur une brève période, les deux premières
décennies du 20ème siècle.
Au début étaient l'aventure de la couleur et
la liberté d'expression pratiquées par les fauves
notamment français avec le chromatisme audacieux de Kees
Van Dongen ("Nu de jeune fille"), la saturation des
couleurs de Edvard Munch ("Jeune fille au chapeau rouge"),
les larges aplats de Maurice de Vlaminck (" Trois maisons")
et le dynamisme du geste de Raoul Dufy ("Le Port du Havre").
Elles aiguillonnent les jeunes artistes allemands et autrichiens,
qui ambitionnent non seulement de révolutionner la peinture
mais également de changer le monde, pour rompre avec
la peinture académique déjà battue en brèche
par la Sécession berlinoise et viennoise et rejeter l'impressionnisme
au profit de l'expressionnisme.
En Allemagne, s'affranchir de l'académisme, rejeter
l'industrialisation, donner libre cours à son inspiration,
prôner le retour à la nature et bâtir un
homme nouveau, sont les antiennes de l'expressionnisme allemand
qui connaîtra deux déclinaisons au sein desquelles
n'existe pas vraiment de dogme ce qui entraîne une grande
diversité.
La première en date est celle du groupe Die Brücke,
fondé à Dresde en 1905 qui prône une peinture
délibérement subjective pour "faire du tableau
un dynamomètre sensible des émotions". Toutes
les figures majeures sont présentes : l'expressionnisme
simplifié de Ernst Ludwig Kirchner ("Femmes dans
la rue"), le très fauve Erich Heckel ("Deux
jeunes filles"), l'expressionnisme cubiste de Karl Schmidt-Rottluff
("Deux femmes"), l'expressionnisme violent de Max
Pechstein ("Fils de l’artiste sur un sofa")
et l'expressionnisme symbolique de Otto Müller ("Autoportrait
avec pentagramme") autour desquels gravitent des électrons
libres comme Edvard Munch, Emil Nolde et Christian Rohlfs.
Le seconde apparaît à Munich en 1911 avec le groupe
Der Blaue Reiter qui défend l'idée du spirituel
dans l'art sous l'impulsion de Wladimir Kandinsky, Alexej von
Jawlensky, et ses portraits saisissants ("Les yeux noirs"
"Jeune fille aux pivoines" retenue comme visuel pour
l'affiche), Franz Marc, et son symbolisme animal ("Renard
d’un bleu noir") et August Macke et ses formes presque
cubistes ("Jeune fille avec des poissons dans un récipient
de verre").
Par ailleurs le pendant expressionniste autrichien est représenté
par Oskar Kokoschka présent avec des portraits emblématiques
de son style fiévreux ("Italienne", "Katja",
"Autoportrait") Max Oppenheimer au style influencé
par ce dernier ("Portrait d’Anton von Webern").
Après la Première guerre mondiale, émerge
un nouveau mouvement pictural, dont Otto Dix, avec son réalisme
radical, est le chef de file, qui refuse "la mystique d'enflure
fausse et sentimentale des expressionnistes" et se consacre
à la critique politique et sociale de la République
de Weimar qui se colore de satire et d'ironie allant jusqu'à
la caricature. Sont notamment présentés "Dame"
de George Grosz et "A la beauté de Otto Dix.
Ne pas rater le discret cabinet de dessins à l'étage
sont exposés dessins et aquarelles dont de très
beaux Otto Dix ("Léonie", "Jeune fille
travaillant en usine"). |