Il est des albums comme des magazines qui vous parlent de l'air du temps et de la vie des gens. Alors vous suivez le témoignage de la stagiaire et les atermoiements du courrier du coeur des adolescents, vous touchez du doigt les problèmes familiaux quand l'usine ferme et souvent les petites pages de la réclame frivoles et jolies à regarder avec un échantillon de crème, des cheveux soyeux, des dents blanches. Sans oublier ce sans quoi ce ne serait pas un magazine d'aujourd'hui : la touche d'érotisme. "Les lèvres entre les genoux"… (no comment).
Vous feuilletez, une fois à l'endroit, puis à l'envers, vous vous attardez sur les people, un peu avec mauvaise conscience. Ici, c'est "Jean Rochefort". Le cinéma de Papa, un peu non ? Une génération avec Marielle, Miou-Miou, Brasseur, Brigitte Fossey, qui fleurent bon les séances de cinéma du dimanche soir, quand ils fallaient pourtant qu'on quitte Papie, Mamie et qu'on ne voyait jamais la fin... Jean Rochefort déjà adoubé chez Dionysos. Quel succès inattendu ! A la manière de Vincent Delerm, avec la même tendresse que lorsqu'il chante "Fanny Ardant et moi". C’est un peu de sa jeunesse que l’on retient en rappelant ces acteurs sur le point de quitter la rampe… à la suite de Michel Serrault ou de Philippe Noiret. Pages plus graves avec l'image anonyme d'un jeune emprisonné et ce n’est pas la voix d'outre-tombe de Christian Olivier des Têtes Raides qui donnent franchement de l'espoir (je ne pense pas craindre d’être contredite).
Alors l'album de Julien Déniel, A monter soi-même, c'est un peu cette collection d'images et d'émotions un peu dans le désordre, avec des arrangements technicolor, réquisitionnant la fanfare quand il le faut.
Julien Déniel soigne chacune des chansons, et c'est "plus belle la vie". Des instantanés, des moments partagés, des témoignages qui viennent parfois vous assombrir le moral, les mouvements de la vie au gré des flux d’informations.
Allez ! Il n'y a pas loin de Julien Déniel à Jean Daniel (et de rire !). |