Curieux programme que celui offert ce soir-là à la Maroquinerie. Les Sh** Browne ouvrant pour Cornershop.
Sh** Browne, quintet parisien qui se revendique comme héritier de la scène Madchester des années 90, a offert un concert qui tenait plus du punk que du rock à enflammer les dancefloors proposé à l'époque par les Happy Mondays ou les Stone Roses.
Le guitariste semblait avoir trop longtemps traîné à écouter Weezer dans sa chambre en regardant les pochettes, le clavier s'inspirait (vestimentairement, mais pas seulement) de Duran Duran, et le chanteur se rêvait en fils caché de Pete Shelley des Buzzcocks et d'Eddie Argos d'Art Brut, tant par son chant que par son attitude.
A l'évidence, lorsqu'on voyait le clavier agiter les bras pour supplier d'avoir un peu de son dans ses retours, on peut douter qu'ils aient offert ce soir-là ce qu'ils avaient de mieux à proposer en magasin. C'était brouillon, bruyant mais bon enfant. Le noyau de fans qui suit le groupe sur leurs dates parisiennes semblait en tout cas content de ce set.
Lorsque Cornershop arrive sur scène, la salle s'est passablement remplie. Le public semble ravi de retrouver, après sept ans d'absence, ce groupe qui, comme la cuisine indienne mélange les épices dans une explosion de saveurs florales et pimentées, mélange pop, rock psychédélique et musique traditionnelle, grosses guitares, orgue hammond, cithare et sons électroniques.
La première salve balancée par le groupe n'est autre que "Lessons learned from Rocky I to Rocky III", single hyper efficace de leur précédent album qui n'avait de manière surprenante pas rencontré le succès. La première chanson du nouvel album Judy sucks a lemon for breakfast est "The roll off characteristics (of History in the making)", pop agréable avec ses sons de cithare.
Quelques danseurs au pied de la scène s'amusent visiblement beaucoup et sautent sur les versions proches de celles du disque de "Who fingered Rock 'n' Roll", "Judy sucks a lemon for breakfast", les reprises de Dylan "The mighty quinn" ou des Beatles en indien "Norvegian Wood", et le très attendu "Brimful of Asha". Le set se termine par un morceau psychédélique diablement efficace étiré sur presque vingt minutes.
Malheureusement, durant tout le concert, Tjinder semble soucieux et tendu, comme gêné par le son des retours. "Tjinder is an impassive frontman" écrivait Mark Cooper, le producteur des Later with Jools Holland en parlant de la performance des Cornershop dans son émission à la BBC, il est vrai que son attitude ne permet pas vraiment le concert d'atteindre des sommets. Cependant, après la grosse heure qu'aura duré ce concert, c'est visiblement satisfait que le public quittera la salle, le sourire aux lèvres. |