En 2006, lors de la sortie de leur cinquième album, The Spell, The Black Heart Procession nous avaient confiés vouloir rapidement travailler sur leur prochain album pour le sortir en 2007. Finalement, tout cela a pris un peu plus de temps, le temps qu'il faut dirons-nous, pour que Six, ce sixième album, nous arrive enfin.
Six reprend la numérotation entamée logiquement par 1, 2 puis 3 et qui avait été suspendu le temps des superbes Amor Del Tropico et The Spell.
Six, ce fameux chiffre pseudo-diabolique, ne pouvait pas mieux convenir à ce disque noir, lent et un peu mystique sur les bords tout au long duquel il est question de diable, de dieu, de vie et de mort.
Pal Jenkins fait des merveilles de sa voix rappelant parfois Nick Cave comme sur "Wasteland" magnifique ballade dont on devine la destination plutôt peu joyeuse, pas loin d'un cimetière mal éclairé une nuit de pleine lune. Musicalement, c'est à l'avenant, minimaliste et tendu, dépouillé mais mélodique, la musique de The Black Heart Procession va droit aux tripes, vous extirpant le coeur au passage.
C'est sûr, point de joyeuseté sur Six, il faudra repasser pour les chants de Noël, on est plutôt dans la brume pesante de Halloween, un mort vivant complètement défoncé à chaque coin de rue. Une B.O. au ralenti pour le prochain Sam Raimi ou bien celle de L'Etrange Noël de Monsieur Jack version pessimiste. Ambiance calme et pas détendue du tout donc. Trouillomètre à zéro et un verre à portee de main. "Iri Sulu" détient à ce titre la palme du plus beau morceau pour remplir vos yeux de douces larmes de mélancolie et vider les dernières larmes de votre meilleur whisky, la scie musicale portant à merveille son curieux nom dont on imagine parfaitement le double emploi. Si les autres titres ne sont pas tous à la hauteur de celui-ci, rien n'est réellement à jeter sur Six, que ce soit les morceaux lents ou les quelques rares passages plus nerveux, tendus à l'extrême par un jeu de batterie sec comme la peau d'un zombie qui aurait grillé en enfer.
Avec Six, on a envie de croire au diable, pire on a envie de l'aimer. La tristesse, c'est tellement beau quand c'est chanté avec classe. Reste à savoir si "Seven" se fera sur le ton de la relecture des sept pêchés capitaux... |