Ah, il nous avait fait patienter depuis Exactement, l’ami Sanseverino ! Un live au Bouffes du Nord pour prendre notre mal en patience, farci d’accordéons et de surprises pour le public… Et puis, enfin, le tout nouvel album de Sanseverino est sorti courant novembre et fait déjà beaucoup parlé de lui. Les Faux Talbins semble marquer une véritable révolution dans la discographie de l’artiste étiqueté swing. Un album au son beaucoup plus dur, à la consistance rock indéniable. Un album qui ne ressemble en rien à ce que Sanseverino avait produit avant…
En rien ? Pas vraiment… Pour les observateurs attentifs, cet opus est finalement parfaitement cohérant avec l’artiste et son parcours. Rock’n roll, Stéphane Sanseverino l’a toujours été. L’homme aux multiples tatouages et piercings a toujours dégagé une énergie sauvage sur scène, une provocante tendresse et un amour assuré du mélange et de la rencontre. Grand admirateur d’AC/DC, combien de fois pendant ses précédentes tournées a-t-il sublimé une tranquille pompe manouche avec un furieux solo électrique, aussi percutant qu’inattendu. Sa reprise de "Rimini" des Wampas aux Bouffes du Nord et ses collaborations avec Parabellum, sont autant d’indices pour nous rappeler que l’étiquette bobo du chanteur swing était sûrement collée avec trop d’empressement et que, finalement, sa famille de cœur est tout autant à chercher du coté rock alternatif que du côté manouche, et sûrement bien plus que coté nouvelle scène française. D’ailleurs, pour rappel, Hervé Legeay, le guitariste qui l’accompagne depuis Le Tango des gens – dont la pochette était d’ailleurs dèjà bien rock’n Roll… – bien avant de devenir élève et guitariste de Romane, est un pur produit de la scène rock-punk des années 80 (notamment avec Stepping Stones, qui assura entre autre des premières parties de Bowie et Iggy Pop !).
Les Faux Talbins est donc un album réfléchi, riche et complexe. On évolue dans une ambiance de vieux films en noir et blanc. Quelques airs rockabilly, bluegrass ("Les mariolles") ou cajuns ("Finis ta vaisselle") accompagnent les blousons noirs. Quelques clins d’œil rétros à San Antonio ou Gene Vincent colorent en sépia quelques pistes, qui parfois nous rappellent même Fréhel et son univers réaliste ("Rita et Riton"). Mais cet album est aussi très moderne – "Chérie c’est la guerre !" à la mélodie tzigane bien balancée – et suffisamment provocant et drôle ("Tu pues Benny" – "Je suis un malade mental" – "Je t’aime pas") pour nous promettre des grands moment de live !
Cet album est une vraie réussite qui dévoile un peu plus sa profondeur à chaque écoute. Saltimbanque depuis son enfance, Sanseverino continue donc d’avancer, s’inspirant des paysages changeants qui défilent, assumant, sans mépris, le pied de nez fait à tout ceux qui le souhaitent figé dans le formol et qui réclament sans cesse le même album, pour satisfaire leurs oreilles de consommateurs. |