On ne le répètera jamais assez : rien n’est plus envoûtant qu’un duo vocal mêlant voix féminine et masculine ! Vandaveer a bien retenu la leçon et nous en fait une superbe démonstration dans Divide & Conquer, album folk du songwriter américain encensé par la critique et révélé par Grace and Speed, le tout premier opus sorti en 2007.
En revanche, pas besoin d’avoir l’ouïe très fine pour se rendre compte que les multiples influences du musicien ne sont autres que Dylan, Waits, Cohen, Young… Comme eux, il raconte des histoires. Comme eux, il préfère des arrangements discrets et sans fioritures. Comme eux, il propose de très belles compositions. Emouvantes aussi, mais surtout intelligemment menées. Le fantôme de Dylan fait d’ailleurs son apparition sur "A Mighty Leviathan of Old". Pour être tout à fait honnête, l’esprit de l’homme qui implorait "Mr Tambourine Man", embaume le chant de quelques uns des titres de ce disque.
Le premier morceau, "Fistful of Swoon", nous plonge dans une ambiance roots, du pur laid back. Dans la lignée s’ensuivent "Resurrection Mary", "Long Lost Cause", "The Sound & the Fury". On s’imagine la désinvolture dont il faut faire preuve pour proposer de tels morceaux avec classe et humilité. Deux albums au compteur, le talent parle de lui-même et n’attend pas le nombre des années et des sorties.
On s’imagine alors traverser les USA d’Est en Ouest avec, pour seuls compagnons de route, un sac à dos et ces mélodies en tête. Qui ne voudrait pas emprunter la route 66 avec une bande son semblable à celle-ci ? Les voix se mêlent parfaitement. Rose Guerin vient en renfort : on ne peut que s’en réjouir et la remercier des harmoniques et de la profondeur qu’elle donne à l’ensemble. Mark Charles Heidinger ronronne de son timbre feutré, les paroles, sur une toile de fond matinée de piano, guitares acoustiques, chœurs venus d’une autre époque. Pour couronner le tout, le mixage est parfaitement maîtrisé.
Il est difficile d’extraire quelques titres de cet album pour noter qu’ils sortent du lot. Il serait d’ailleurs tentant de demander à Vandaveer la recette artisanale du "comment faire du neuf avec du vieux et avec élégance ?". Le mieux reste certainement de déposer la rondelle dans son lecteur, de l’écouter du début à la fin et de se fier à son propre ressenti. Si cela n’était pas assez clair, j’insiste une fois de plus : Divide & Conquer mérite vraiment que l’on s’y attarde un peu ! |