La
vérité est un mensonge sans artifice !
Le Maestro Federico Fellini nous offre d’outre-tombe
une leçon de lucidité que le Musée du Jeu
de Paume a orchestré pour notre plus grande jubilation.
"La Grande Parade" se donne à Paris.
Il est bon de temps à autre, de ne pas hurler avec la
meute. De laisser passer la caravane médiatique et de
s’asseoir dans un fauteuil confortable pour attendre la
fin majestueuse de "8 ½". Puis de se diriger,
nonchalamment (à la démarche de Mastroianni) vers
l’expo que nous offre toute trompette dehors le Jeu
de Paume avec un partenariat aussi long qu’un générique
de ce cher Federico.
Une expo naturellement qui ne peut pas exister sans le miroir
cinématographique qu’offre la Cinémathèque
française (l’intégral du Maître) et
l’Istituto Italiano di Cultura de Paris. De quoi avouez-le
aimer la cuisine italienne (excellente par ailleurs).
Mais la première et peut-être seule question que
je me pose est toute bête, voir pour certain sans incongrue,
mais je me la pose tout de même : Fellini est-il exposable
? Tellement son univers correspond a tout, sauf à ce
qui peut-être la sacralisation ?
Mais lorsque l’on est dans la démesure artistique,
tout est possible n’est-ce pas ? Même Dieu pardonne
(pas forcement ses ouailles !), à Fellini les outrances.
Ce n’est pas le commissaire de l’exposition Sam
Stourdzé qui me contredira. Tellement Sam Stourdzé
(rien que du talent) a su déceler dans l’univers
du Maître les clés de l’intimité artistique,
et de nous les faire partager.
Offrir au regard ce que l’on ressentait en voyant les
films. Il y a là, je me répète, mais j’ai
envie de l’écrire une nouvelle fois, osmose complète
et réussie entre deux entités pour donner ouvrir
au public un environnement complet, susceptible de mieux comprendre
l’artiste, presque de le toucher d’un doigt.
Il n’y a pas que des extraits de films, des photos, des
dessins, de la musique naturellement (sans Nino Rota, l’univers
Fellinien ne serait pas ce qu’il est), non, il n’y
a pas que cela, et pourtant !…
C’est le tout qui rend si attachant le personnage (il
faut bien en parler) de Federico Fellini, l’homme orchestre,
le Monsieur Loyal d’un cirque ambulant ouvert à
tout vent.
C’est beaucoup plus que tous cela, naturellement. Sam
Stourdzé a su nous ouvrir à l’univers d’un
homme secret qui se protégeait de la vie derrière
le mensonge, offrant la vérité sur un artiste,
qui n’a jamais su se délivrer de la sciure de la
piste de cirque.
Fellini est un clown complexe que révèle chacun
de ses films. Il vogue entre le non-dit, ses vies parallèles,
les lambeaux contradictoires de l’Histoire pour nous offrir
entre les images cinématographiques, ses œuvres
exposées.
Il faut retourner à l’expo, plusieurs fois pour
goûter son plaisir. Se dire qu’un artiste qui a
dépeint notre société en refusant le réel,
a su dans l’onirisme de ses films, dans son travail "pictural"
de l’image offrir "sa" réalité
sociale.
Il nous reste, après l’expo et la Cinémathèque,
à nous faire plaisir et à revoir, (peu importe
le nombre de fois) "La Dolce Vita", "Huit et
demi", "La Strada", "Priva d’orchestra"…
La liste est longue jusqu’aux fêtes de fin d’année... |