Laura Gibson, grande jeune femme blonde originaire de l'Oregon, a sorti en cette fin d'année 2009 un album, Beasts of Seasons qui aurait pu être écrit l'année précédente, ou 10 ans auparavant, ou en 2020. Un disque intemporel.
Vic Chesnutt, paix à son âme, avait une voix qui évoquait le feu de bois éteint, les braises humides au petit matin. Le folk de Laura Gibson évoque aussi le petit matin humide et froid, mais plutôt celui du pavé glacé d'une cuisine, un petit matin urbain dans un appartement peu confortable. C'est peut-être en marchant sur le carrelage froid qu'elle avait d'ailleurs attrapé cette bronchite qui l'étreignait lors de son passage parisien à la Flêche d'Or, il y a quelques semaines.
Ceci ne signifie pas que l'album en lui-même soit froid. La guitare est sèche, la voix douce et légèrement voilée, les chansons empreintes d'une honnêteté désarmante et teintées de mal de vivre. L'ensemble est beau. Au fur et à mesure de l'album (hormis sur "Spirited", le troisième titre, produit de manière plus riche), le tempo déjà lent s'étire encore, mais est-ce par apaisement ou par renoncement ?
Il s'agit là d'un disque qui soit vous ennuiera ou soit vous charmera, selon votre humeur lors de la première écoute. Si vous aimez une chanson, vous les aimerez toutes, car les variations sont minimes. Toujours les cordes de nylon, la même voix fragile un peu blanche, la même douceur d'un morceau à l'autre.
Il se pourrait même que vous tombiez follement amoureux de ce disque qui a de manière évidente les vertus thérapeutiques d'un baume lorsque, dans votre vie, vous traversez de sombres périodes. |