Le 23 juin 2009, le gouvernement subit un remaniement ministériel. Un de plus. Nous y sommes habitués, cela passe même pratiquement inaperçu.
Dans le cadre de ce remaniement, Mme Marie-Luce Penchard remplace Mr Yves Jego au secrétariat d’Etat en charge de l’outre-mer, auprès du ministre de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales.
Mr Jego aura occupé ce poste 15 mois et 5 jours. 15 mois et 5 jours ? Quel beau titre de livre pour raconter cette expérience, certes courte, mais tellement mouvementée et enrichissante question rencontres humaines, notamment celles avec ceux qu’il nomme les faux gentils et les vrais méchants.
C’est qu’en 15 mois et 5 jours, il lui en est arrivé des choses à ce Mr Jego ! Essentiellement une crise en Guadeloupe, qui a fait tellement peur à la métropole que beaucoup ont cru qu’elle allait traverser les mers pour venir toquer aux portes de Paris et un licenciement "à l’américaine" – comprendre une heure pour mettre ses affaires personnelles dans un petit carton, une nuit pour remplir le coffre de toit de la voiture familiale, se trouver un nouveau logis et laisser place nette au suivant.
Mais Yves Jego n’est pas un homme politique comme les autres, et encore moins un ministre conventionnel. Déjà, il n’a pas fait l’ENA., mais un parcours universitaire de droit et d’études politiques. C’est suffisamment rare pour être relevé. Ce qui est encore plus rare, c’est qu’il a écrit un livre pour raconter son expérience ministérielle. En effet, des ministres qui se font virer, il y a en a à chaque remaniement, donc régulièrement, mais des ministres qui racontent les secrets des palais et qui balancent sur les collègues et la hiérarchie… ce n’est pas courant !
Pendant 135 pages, nous assistons donc dans un style direct et sans fioriture à un règlement de comptes où personne, sauf le Président, n’est épargné. Sa principale cible est le Premier Ministre, François Fillon, mais pas seulement ! Sa remplaçante, la gauche guadeloupéenne, le Medef et le patronat en général, ce qui est paradoxal pour un homme de droite il faut le reconnaitre, tout le monde en prend pour son grade… Sauf donc le Président et Michèle Alliot-Marie, au point que cela en devient presque suspect. Et l’on en arrive à se demander si sous cette longue diatribe de défense de son honneur, Monsieur Jego ne dissimule pas une certaine ambition et une espèce de calcul de carrière… L’avenir nous le dira ! |