Texte de Christine Montalbetti, d'après Robert-Louis Stevenson, mis en scène par Denis Podalydès, Emmanuel Bourdieu et Eric Ruf, interprété par Denis Podalydès.

Tout le monde connaît, à défaut de l'avoir lue, du moins à travers ses nombreuses déclinaisons cinétiques ou variantes télévisées, la thématique générale de la nouvelle de Robert Louis Stevenson "L’étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde".

Elle met en scène - mythe ou réalité ? - une dualité qui serait consubstantielle à la nature humaine. De la dualité manichéenne judéo-chrétienne au dédoublement schizophrène, qu'elle soit passage à l'acte du fantasme ou dérèglement mental, dédoublement de la personnalité ou phagocytage par un esprit malin, ce phénomène, qui demeure de l'ordre du fantastique, reste fascinant.

Sous le titre "Le cas Jekyll", la version théâtrale présentée en ce début de saison du Théâtre National de Chaillot est due à la plume, en, l'occurrence magique, de Christine Montalbetti. Elle signe un texte qui est une petite merveille littéraire et un vrai monologue de théâtre qui esquisse toutes les subtilités et les ambiguités du personnage et qui constitue une partition de choix pour le comédien qui est lui-même confronté, dans l'exercice de son métier, à une bien étrange coexistence.

Dans le remarquable décor expressionniste d'Eric Ruf qui, sous les lumières tout en clairs-obscurs de Stéphanie Daniel, transporte le spectateur à la fin du 19ème siècle, dans les bas fonds londonien brumeux et glauque de Jack l'éventreur et dans l'antre d'une chambre dont le cabinet est transformée en laboratoire démoniaque, c'est Denis Podalydès, lutin malicieux et comédien à l'art consommé, qui trouve là un matériau à sa mesure ou à sa démesure.

Avec un jeu est parfaitement maîtrisé pour ne jamais tomber dans la facilité ou dans l'exercice de style, virtuose qui habite la scène, il réussit une belle incarnation en rendant palpable la lente métamorphose du Dr Jekyll sans jamais lui donner une vraie concrétisation et en induisant l'illusion de la simultanéité des deux personnages.

Avec un jeu est parfaitement maîtrisé pour ne jamais tomber dans la facilité ou dans l'exercice de style, virtuose qui habite la scène, il réussit une belle incarnation en rendant palpable la lente métamorphose du Dr Jekyll sans jamais lui donner une vraie concrétisation et en induisant l'illusion de la simultanéité des deux personnages.

Le spectacle est une vraie réussite, et l'ovation la récompense d'une aventure commune partagée en back stage par une fine équipe avec outre ceux déjà cités, Emmanuel Bourdieu à la co-mise en scène et Christian Lacroix pour les costumes.