Tragi-comédie écrite et mise en scène par Noël Casale, avec Hubertus Biermann, Noël Casale et Pascal Omhovère.

"Reprise d'un triomphe ou le songe d'une nuit bastiaise" de Noël Casale est une pièce à quatre personnages: Max/Marc-Aurèle, Gunter/Dean Martin, Ulysse et Bastia. Bastia, telle Rome, est l'unique objet d'un ressentiment. Pièce où l'amour-haine pour la ville corse se dit à travers l'oisiveté captive des deux personnages, qui s'inventent une autre vie, par écrans interposés. Bastia la ville méditerranéenne, joyau divin au milieu du bleu du ciel et du bleu de la mer. Ses habitants écrasés, ses vies immobiles de funambules.

Noël Casale nous livre une image de la ville comme sortie d'un rêve, troublée de références cinématographiques où Dean Martin, John Wayne , Ava Gardner et Ernest Hemingway prennent place sur la scène entre la mère et la grand-mère corses. Rêves bruyants des accents, des langues corse, américaine et française. Chansons et acrobaties suspendues sur les fils de la mémoire, sur une terre, une île, une limite qui peut-être comme un tremplin, ou comme un mur, celui du théâtre de Bastia qui n'autorisait pas Noël Casale à produire sa dernière comédie. Une île qui est comme une explosion des possibles.

"Reprise d'un triomphe" est aussi une partition exceptionnelle et délicate pour un duo d'acteurs exceptionnels. Noël Casale incarne Max/Marc-Aurèle, comme un géant impétré dans les toiles de sa mémoire, l'exaltation fervente succédant à l'apitoiement doux.

Hubertus Biermann prête son style de grand échassier étique à un Dean Martin archéologue improbable, personnage imaginaire plus cinématographique que réel: avec une grâce infinie et un accent qu'on peine à situer.

Pascal Omhovère est un bulldozer effervescent, habillant de mot des rêves mégalomanes, un peu Pierrot le fou, un peu cowboy, il incarne Ulysse comme un enfant qui se serait déguisé d'une armure.

Un spectacle subtil d'une rare poésie qui vous parlera de la Corse mais pas que ...