Un froid pinçant, de la neige sur les trottoirs parisiens en ce mois de janvier. Il fallait être motivé pour aller voir Silvain Vanot à l'Archipel, salle de cinéma et de concert plus habituée à recevoir des interprètes de musique classique que des musiciens pop-rock. Pourtant, il y avait la queue devant le guichet et, à l'intérieur de la salle, du monde au bar. Il faut dire que l'absence des planches pour Silvain Vanot a été longue. Ensuite, il y a bien longtemps qu'on ne l'a vu accompagné par un groupe.
L'ouvreuse du cinéma ferme les portes de la salle et invite les buveurs à rejoindre leurs fauteuils car "le concert va bientôt commencer". Les lumières se baissent, et c'est par l'arrière de la salle, en traversant les travées que les artistes rentrent car il n'y a pas d'accès direct entre les loges et la scène.
La scène est minuscule, presqu'entièrement occupée par un piano à queue. C'est en se contorsionnant que Philippe Sirop se glisse derrière les fûts de sa batterie. Sur le devant, John Greaves à la basse et Silvain Vanot à la guitare. Quant à Laurent Valéro, il est assis sur un tabouret de bar, un bandonéon à ses pieds, un alto et un violon à ses côtés.
Le concert commence avec "Bonne fortune", un poème de Charles Cros que Silvain avait mis en musique sur son second album, Sur des arbres. La section rythmique composée par John Greaves et Philippe Sirop montre dès ce premier morceau une puissance et une souplesse qui ne se démentira pas tout au long du set. Puis le groupe d'enchaîner avec "Les roseaux", extrait d'Il fait soleil. Ensuite viennent les morceaux du dernier album Bethesda. D'abord, "Les cloches de l'amour" puis "Implacable". Laurent Valéro montre sur ces chansons sa virtuosité, au violon puis au bandonéon, les habillant avec délicatesse. Pour "Implacable", Renaud Gabriel Pion, présent pour l'enregistrement du disque rejoint le groupe sur scène avec sa clarinette basse. Il restera sur les différents morceaux de Bethesda joués les uns à la suite des autres.
Entre les chansons, Silvain parle volontiers, remerciant le public, plaisantant ou racontant une anecdote sur une rencontre avec des spectateurs un peu ivres à l'issue d'un concert à Limoges. Le public écoute, détendu mais attentif, chaque morceau. John Greaves lâche sa basse pour se mettre au piano le temps d'un "Rivière" tout en douceur, juste accompagné par quelques arpèges de la clarinette contralto de Renaud Gabriel Pion.
A l'applaudimètre, "La vie qu'on aime", extrait du premier album, remporte un beau succès. Le public est visiblement composé de fidèles.
En fin de concert, c'est en duo avec Margot Abascal, actrice et chanteuse, qui avait enregistré avec Katerine "Le jardin botanique" et "Parlez-vous anglais ?" sur la BO de Nom de code : Sacha, que Silvain interprète une version enjouée de "Egérie".
Ensuite, c'est avec une émotion non-dissimulée qu'il rend hommage à Vic Chesnutt en reprenant une chanson country "We had it all" dans une interprétation tout en finesse. Puis en ultime rappel, il reviendra seul pour une version dénudée de "Ile-de-France".
Les retrouvailles entre Silvain Vanot et son public se sont bien déroulées. L'accueil était chaleureux et le plaisir était visiblement partagé.
Effet secondaire, à l'issue du concert, le trajet en métro m'a semblé moins long, les gens moins agressifs et le froid moins mordant. Une bonne façon de commencer l'année. |