Venus défendre leur 7ème album (Keep Calm And Carry On) ce soir à l'Olympia, les gallois de Stereophonics sont-ils encore dignes d'intérêt ?
Avant de pouvoir en juger, nous assistons à la sympathique première partie de The Rodeo, duo folk dont l'univers se rapproche de celui de Laura Marling. Mais leur musique, agréable à écouter, manque encore de caractère. Du coup, on n'est pas vraiment emballés. Il faut dire que les groupes dans cette veine sont si nombreux et si ressemblants qu'il en faut davantage pour sortir du lot.
Les Stereophonics, eux, ont explosé à la fin des années 90, marchant sur les cendres d'une brit-pop vieillissante. Pour être franc, ils auront surtout fait illusion le temps de trois albums (Word Gets Around en 1997, Performance And Cocktails en 1999 et Just Enough Education To Perform en 2001) avant de sombrer par la suite. Le bilan depuis 2001 est bien maigre : on dénombre tant bien que mal une chanson potable tous les deux ans ("Dakota", "It Means Nothing", "Innocent"), une par album. Du coup, on commence à se demander ce qu'on est venu faire ce soir à l'Olympia. Puis on se rappelle que les Gallois ont été capables d'éclairs de génie par le passé ("Mr.Writer", "More Life In A Tramps Vest", "Pick A Part That's New", "Have A Nice Day", "Handbags and Gladrags", "My Own Worst Enemy"), et on reprend confiance.
Mais pas pour longtemps. On a beau se rassurer comme on peut, le constat final est terrible : il y avait belle lurette que l'on n'avait pas vu de concert aussi désespérément ennuyeux. Dans ses meilleurs moments, Stereophonics ressemble à un groupe pour pub aux refrains efficaces. Le reste n'est qu'un cocktail indigeste et creux, sans aucune finesse.
Les titres suivent tous sur la même structure, le son saturé devient vite insupportable, et assez rapidement notre esprit file ailleurs. Devant ce tableau peu reluisant, on se résout à se contenter des miettes. On constate tout d'abord que les chansons sont meilleures lorsque le groupe ralentit le tempo. Mais pas toujours : pour preuve ce "Maybe Tomorrow", pénible ballade d'un vide abyssal, pourtant chantée à tue-tête par l'ensemble du public. Reste la voix splendidement écorchée de Kelly Jones et quelques titres qui rehaussent tant bien que mal le niveau : "Trouble" et "Innocent" (morceaux efficaces extraits de leur dernière livraison, Keep Calm And Carry On), ainsi que les classiques "Traffic", "More Life In A Tramps Vest" et "Local Boy In The Photograph". En rappel, "Have A Nice Day" parait bien facile et dénuée d'âme, tandis que "Dakota" montre le groupe sous son meilleur jour.
Mais c'est bien trop tard, et en ce qui nous concerne, l'expérience nous a définitivement vacciné. |