Adam Green, connu pour sa présence au sein des Moldy Peaches a commencé sa carrière solo en 2002. Dans la lignée anti-folk et lo-fi qu’il entretenait dans le groupe avec Kimya Dawson, avec des paroles aussi explicites que dépouillées de tout artifice musical, le duo s’est remarqué auprès des jeunes dans un registre de rock indépendant, mais s’est ensuite scindé en deux projets solo. Tandis que Kimya Dawson regroupe dans un style plus underground les fans anti-folk, Adam Green voit sa réputation grandir au fur et à mesure de ses albums.
Découvert par certains avec le titre "Anyone Else but You" (Moldy Peaches), bande titre du film américain Juno, Adam Green a en tout cas rempli le petit club de l’Aéronef de Lille, qui débordait d’énergie et de présence.
En première partie, Jukebox the Ghost mérite que l’on s’attarde sur leur musique qui a véritablement enflammé le public et remplit complètement son rôle de début de concert à tel point que nombre de personnes se sont ruées sur l’album en fin de partie. Un mélange de pop-punk disco des années 60, une dextérité musicale incontestable. Même si leur musique est relativement banale, le trio joue de sa proximité avec le public pour l’emporter sur quelques notes de piano ou dans les levées de batterie.
Leur joie de vivre et leur fraîcheur d’ado talentueux plein d’optimisme laissent d’ailleurs percevoir à la fin du set quelques inquiétudes dans la foule pour les moins connaisseurs d’Adam Green, à savoir la peur de préférer la première partie à la principale.
Mais leur peur semble vite ravalée ! Ce sont les premiers surpris, pris à crier dès les premiers morceaux.
Le gars est un personnage. Plein de charisme, de culot, de personnalité... Il arrive clairement déjà bien empreint par l’alcool et son public l’accueille chaleureusement.
Très vite, il débute et sa voix grave reconnaissable entre mille soulève la foule. Il va très rapidement à la rencontre de son public, profite de la petitesse du lieu pour s’avancer, jouer avec ses musiciens, entre deux trois titubations volontaires ou non.
Un mélange de rock blues, des paroles modernes, simples, allant droit au but.
Dans un mouvement enthousiaste, il se jette dans la foule, et se fait porter jusqu’au bout de salle puis revient avec les marques d’ongle sur le corps. Cela ne semble pas le perturber, puisqu’il recommence un peu plus tard, sans stopper sa chanson pour autant.
Alors, on aime ou on aime pas. Mais on ne reste pas indifférent à la présence de Green sur scène. Son show à l’américaine représente 50% de sa prestation, mais sa voix de crooner assure tant dans ses balades acoustiques que dans ses délires les plus fous. Un spectacle touchant, presqu’humoristique par moment, et pas de tout repos. Il offre par ailleurs à ses fans de longue date des morceaux plus anciens alternés avec les plus récents, une set-list dynamique qui s’enchaîne parfaitement, avec "You get so lucky", ou encore "Broadcast beach", "Emily", "Tropical Island"... Certains morceaux font véritablement frémir le public au plus profond, les plus sceptiques semblent envoûtés.
Le gars est un personnage. Assurément.
Il lâche son micro, s’approche trop près des enceintes, manque de s’étaler par terre, mais sa performance vocale reste toujours impeccable et son énergie incroyable.
Il finit son concert torse nu, épuisé, après plusieurs rappels. Il rentre dans l’arrière-scène après avoir embrassé à pleine bouche une demoiselle de la foule. Beaucoup restent épâtés de la performance à laquelle ils viennent d’assister. Un aller/retour très rock n’roll auquel ils ne s’attendaient sans doute pas, mais les fans sont en tout cas comblés. |