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Kill sound before sound kills you  (ipecac / Southern records)  novembre 2003

Il faut savoir, afin de se repérer un peu, que le kid de la baie de San Diego se permet de faire cohabiter sur le disque dur de son laptop des compositions électroniques assez différentes issues de projets qui se matérialisent chez autant de labels. Ainsi PS : I Love you chez Mille Plateaux proposait une électronica élégante aux textures et aux articulations parfois géniales, The Action Packed Mentallist Brings You the Fucking Jams chez Tigerbeat 6 osait un mix radical de toute une musique mainstream fait de tubes imparables sévèrement revisités, et, ici, le retour des break-beats sauvages sur Ipecac avec un titre qui ne se prend pas au sérieux : Kill Sound before Sound Kills You. On note que ses concerts reflètent bien la cohabitation de ces trois musiques, et donc même si on reste circonspect face à l’un de ses projets, le déplacement reste au final hautement recommendable.

C’est donc depuis Down with the scene le retour du k6 rentre-dedans et inventif qui arrive à produire une musique dont on a du mal à croire à l’existence : une musique intelligente orientée dance-floor (même s’il se moque un peu de cette étiquette IDM, en même temps qui ne se défie pas des étiquettes…) pas en reste pour trouver une raison de se jeter contre les murs, ne serait ce que mentalement, dans une ambiance de folie pathologique à la Tex Avery et de tatapoum tribal débridé, le tout avec le goût de la jouissance et du contrôle de la trajectoire qui assure une fuite en avant sans impasse, pour nous retourner la tête à l’envers, juste pour voir dans quel état ça nous laisse.

Car l’idée simple et forcenée du disque consiste à vous scotcher au plafond au moyen d’une accélération sans fin, le compteur a en effet de la peine à descendre en dessous des 180 bpm. Mais on n’est pas dans une approche systêmatique et exacerbée à la Venetian Snares, la dynamique de la rythmique permet de naviguer dans un environnement mutagène où déboulent certes une rythmique endiablée mais aussi des lignes mélodiques et des trouvailles sonores qui servent, en relais avec les beats, à l’articulation et aux relances des morceaux.

En effet, sans dynamique la puissance brute n’est rien, le jeu consiste bien à jouer sur une idée de l’accélération faite de syncopes et de manipulations diverses pour relancer le morceau de l’avant. Par ailleurs ces accélérations ne sont pas agressives comme peuvent l’être les franges sombres d’un Aphex Twin dans Come to Daddy, l’ambiance est ici clairement ludique et peuplée de clins d’œil plutôt que hantée par un pathos tourmenté. Ce qui est le plus étonnant c’est que le fan d’indie-rock ne se retrouve pas pour une fois perdu dans un univers technoïde, aucune appréhension à avoir par rapport à l’ennui de certaines musiques qui tapent, le terrain est ici assez fertile pour découvrir une autre musique électronique dansante faite de véritables chansons qui s’écoutent dynamiquement avec les oreilles et les mollets. Ainsi ce n’est pas vraiment un disque de ravers, mais un disque pour s’amuser dans le bon sens du terme, récréatif mais pas régressif.

On trouve aussi quelques passages plus proches de ses projets electronica comme "Andy Warhol is dead but we have still hope" avec des vrais instruments dedans, ou encore des écarts vers le dub ou le krautrock, mais ces passages servent d’avantage soit d’introductions, soit de pont dans la structure générale de l’album. Une exception de choix restant "Parenthood" contemplatif tout en glitch et en nappe, ou sinon on pourra écouter gaiement le voyage de "If i had a happy place that would be it" afin de se resourcer avant retourner dans le maelstrom musical.

L’ambiance générale reste ainsi la grosse artillerie en frappe de précision dont les meilleurs représentants sont "Ecstasy motherfucker" pour raver oedipien refoulé ou encore le fringuant "The illness" liminaire, pa ailleurs on respire de trouver des envolées vives qui frappent avec plus de finesse comme le très bon "Total recovey is possible" qui touche à ce que k6 fait de mieux dans le genre, c’est à dire quand il se prend "un peu" au sérieux.

La plupart du temps il a en effet une propension à prendre avec distance ses morceaux pour s’en moquer ou s’en servir de prétextes pour insérer des bizarreries qui nous amusent et les décoincent si besoin est, on retrouve ici son goût pour le détournement exploité chez Tigerbeat, et aussi cette attitude punk avec laquelle il joue : pour illustrer lors d’un concert il lance à la fois un sample de Anarchy in the uk et un micro au pied du public comme un clin d’œil et voir si quelque chose se passe. Cette distance lui permet de proposer un autre visage que le masque habituel des électroniciens et de ne pas s’enfermer dans des frontières qui limiterait sa palette.

Le disque est ainsi le jeu de rencontre pour le téléscopage d’une série de références, notamment cette fois des présences ragga sur "Who wah kill sound ?" ou "Buckle up". Personnellement elles ont plus tendance à abaisser le niveau par rapport aux titres uniquement instrumentaux, mais contribuent plus globalement à l’ambiance générale de l’album ostensiblement festif et joyeux. C’est sans doute la grande réussite de l’album, faite certainement au prix d’une sélection difficile parmi une floppée de titres, de donner une couleur à l’album tout en proposant des voies différentes et cohérentes.

Même si ce qui tourne autour de ce qu’il a fait sur PS : I Love you reste à mon avis le plus intéressant, ce disque de Kid 606 est une grosse claque et une vraie réussite à la fois passionnant, jouissif et accessible. Son écoute confirme le garçon comme un des plus géniaux touche à tout de l’électronique actuelle qui méritent d’entrer dans votre discothèque.

 

Loopkin         
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