Dans le cadre de nos Sainté Sessions, nous avons rencontré GranFred qui a affronté la tempête de neige stéphanoise pour nous offrir une Froggy's Session et une interview afin de faire connaissance avec ce "double-mètre du monde".
GranFred, peux-tu commencer par te présenter ?
GranFred : Je suis donc GranFred, stéphanois d'adoption et cela fait 10-12 ans que je traine dans la musique. Mais c'est la première fois que je suis en projet solo. Auparavant, j'étais plutôt dans des projets dans lesquels j'étais guitariste ou compositeur. Avec GranFred, je suis donc devenu auteur, je chante… Cela fait pas mal de différences.
Mais tu n'avais pas eu l'idée auparavant d'utiliser cette voix grave, tonitruante ?
GranFred : Non pas du tout. Le projet date d'il y a 3 ans et j'ai commencé à travailler le chant il y a 2 ans et demi.
Le projet justement, à quoi il ressemble ?
GranFred : Au niveau du style, c'est un mélange de poésie sombre avec du folk-rock électrique pour ce qui est de la musique. Je me suis adjoint l'utilisation de pédales loop pour créer une ambiance autre que guitare-voix qui, au fil du temps, ne se suffisait pas à elle-même. Et cela fait 6 mois que je travaille ainsi.
Poésie sombre… cela vient de quoi ?
GranFred : Bien évidemment de mon parcours personnel, l'envie de dire certaines choses et après, j'ai été assez réceptif à des auteurs, plus en musique qu'en littérature, dans cette veine. Côté français, ma référence majeur va être Bertrand Cantat, Gaétan Roussel et Jacques Higelin, voire Arthur H.
La musique est pour toi un vecteur à tes textes en fait ?
GranFred : Voilà c'est ça. Et après j'essaie de ne pas me livrer directement au premier degré parce que d'une part, de mon côté ce serait un peu trop me mettre à nu quand même et d'autre part, vis-à-vis des gens j'utilise un langage assez imagé, ce qui permet aux gens de s'approprier les titres à leur manière et de ne pas aller chercher forcément ce que j'ai voulu dire. Ce qui fait que je suis satisfait de ce que je chante et les gens arrivent à se l'approprier. Une double satisfaction.
Tu as sorti déjà un album ?
GranFred : Et bien cette nouvelle phase, avec les loops, m'a permis d'enregistrer 3 titres en studio et c'est tout pour l'instant. J'avais auparavant enregistré quelques titres acoustiques, c'est tout. On peut d'ailleurs entendre ces titres sur mon Myspace actuellement.
Pourquoi GranFred ?
GranFred : Et bien tout le monde m'appelle comme cela en fait parce que je vois la vie d'assez haut. Je suis un peu le "double-mètre du monde" ! En tout cas, comme tout le monde m'appellait déjà comme ça, je ne me suis jamais vraiment posé la question quant à un nom de scène ou un nom de projet.
D'ailleurs à propos de scène, tu es seul sur scène avec ta guitare ?
GranFred : Sur scène, j'ai un ou deux micro pour les voix, guitare, les loops. Et pour certains morceaux, c'est uniquement vocal. Tout cela est venu naturellement, je ne me suis pas dit que j'allais forcément aller vers cela, mais je me reconnais là-dedans, et j'avais vu faire certaines personnes de différentes façons, toujours avec des loops. Je trouvais vraiment cela intéressant car cela permet de poser des ambiances différentes du simple couple guitare-voix. D'autant que je suis dans un registre plutôt rock que chanson, et pour créer une ambiance rock juste avec une guitare et une voix, en chantant en français c'est moins facile.
Il y a une raison pour ce chant en français plutôt que l'anglais pour faire du rock ?
GranFred : Il y a deux raisons essentielles. D'abord, je comprend l'anglais, je le parle à peu près mais de là à être poétique et drôle en anglais, c'est autre chose. Donc si c'est pour avoir des textes en anglais sans grand intérêt… Et la deuxième raison, c'est que j'ai vraiment des choses à dire, et déjà que je dis des choses imagées, si en plus c'est dans une langue qui n'est pas la mienne, faire passer un message cela aurait été compliqué.
Pour la suite, tu as quoi de prévu ?
GranFred : Et bien le début d'année est un peu chargé. Je fais deux festivals à Saint-Etienne (en mars et en avril). Et puis j'aime bien tourner 2 ou 3 soirs de suite avec le même groupe. C'est un groupe de Paris qui s'appelle Pollyanna qui vient fin janvier et qui fait du folk rock en anglais.
C'est intéressant de faire ces échanges de plateaux avec des groupes et faire deux ou trois dates ensemble. Cela permet d'avoir une autre dynamique plutôt que d'attendre de se faire son concert de fin de semaine. En février, il y a une date à l'Assommoir (ndlr : bar rock stéphanois très connu) avec un groupe de Toulouse qui s'appelle On Existe. Avec aussi Pocket Bastard dont vous avez aussi parlé sur Froggy. Le 20 mars, il y a le festival des Printemps Hurlants à Saint-Etienne. En plus, ce sont des festivals qui tombent bien dans la case, dans le registre musical, où je suis content que l'on veuille me mettre.
Des envies de monter à la capitale ?
GranFred : C'est plus compliqué de faire monter quelqu'un à Paris plutôt que de faire venir des groupes parisiens en province… Donc des amis parisiens essaient de trouver quelque chose qui permette d'avoir une bonne expérience là-bas.
D'un point de vue enregistrement, tu as envie de faire quoi ? Un album donc ?
GranFred : Un album, c'est envisageable. Je suis lucide, j'ai la maquette 3 titres qui me satisfait toujours. Je réécoute assez régulièrement ce que je fais, sachant que dans ma manière de composer et d'enregistrer, j'enregistre absolument tout, quitte à laisser tourner un magnéto et ensuite réécouter et se dire "tiens, ça je garde", etc.
Et cette démo, qui a 4 mois, me plait toujours. Cela reste dans la veine de ce que je fais et je veux quand même prendre le temps de le faire bien. Pas enregistrer un album à tout prix dans les semaines qui viennent. J'ai encore besoin de rôder le set, vis-à-vis de moi-même et vis-à-vis du public.
Tu prends le temps d'affiner le travail…
GranFred : Tout à fait !
Si tu avais 3 mots pour te décrire, lesquels utiliserais-tu ?
GranFred : Humain (pour contrebalancer avec la partie machine, loops, etc.), sombre et poète.
Un humain à la poésie sombre. C'est effectivement assez parlant par rapport à ce que tu fais... Un ami devrait partir sur une île déserte, tu lui donnerais quel disque qui t'appartient pour qu'il se rappelle de toi en l'écoutant ?
GranFred : J'ai pas d'ami moi, c'est pour cela que je fais de la musique, j'essaie désespérément de me faire des amis (rires). Disons que s'il y a une certaine urgence à survivre sur cette île déserte, je dirais un album d'urgence, je dirais Nevermind de Nirvana, qui fait partie de mes préférés. Retrouvez GranFred
en Froggy's Session
pour 3 titres acoustiques en cliquant ici ! |