Tout
commence par un traumatisme : un jour, Vinny
Miller a téléphoné à une radio
pirate pour jouer au Ni Oui/Ni Non et il a failli gagner... mais
au dernier moment il a laché un "Yeah" et les animateurs
se sont bien moqués de lui.Des carrières d’artistes
se fondent sur moins que ca.
Vinny Miller, après cinq ans passés chez 4AD sans
sortir une seule note de musique, vient de livrer son premier album
On the Block.
D’emblée, il nous impose son univers tourmenté
sans nous demander notre avis et nous entraîne dans ses cauchemars.
Un album de douleurs.
La pochette et ses terribles photos de supplicié au goudron
et aux plumes, l’atmosphère oppressante de chacun des
titres, qu’ils soient lents ou rapides, les arrangements dérangeants,
tout est là comme une agression permanente et fascinante.
On est hypnotisé.
"Breaking out of your Arms"
est une superbe ballade pas très saine ; "Pigpen"
(sorti aussi en single) a des relents de Beck
; "Cromagno" est une courte
série de cris et onomatopées ; "Afternoon
Nod" qui est une rêverie sur un piano lointain
est immédiatement suivi d’un effrayant "Bogeyeater",
où la voix de Vinny donne enfin sa pleine puissance, "Hogbreath
Busts A Move" est encore un moment fort avec ses superbes
guitares façon grunge, ses choeurs soul, ses cassures de
rythme ; et je ne vous dis rien des voix de "On
the Block" qui n’en finissent pas de monter dans
les aigus...
Malgré tout ce côté chaotique, l’album
atteint à une surprenante cohérence, due entre autres
à une superbe production (de Miller lui-même) qui maintient
un fil conducteur ténu mais très maîtrisé.
S’il faut citer quelques influences, disons un tout petit
peu de Will Oldham pour les ballades
les plus lentes, un peu du Costello
le plus déjanté (celui de "Blood
and Chocolate"). Le reste : de l’original.
Prometteur.
Un bonhomme à surveiller de près. Logiquement, il
devrait casser la baraque underground (je verrais bien Les Inrocks
l’affubler de tas de titres ronflants comme ils l’avaient
fait pour les Strokes...).
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