Match au sommet, AS Dragon meet Froggy’s delight au stade
de La Maroquinerie
FD : Thierry G.
AS DRAGON : Ils sont tous là , déjà passablement
« motivés » par le concert à venir.
Avec Natacha ( N) , Hervé (H), Stéphane (S) , Michaël
(M ), David (D)
M :Bon alors qui le fait cet interview ?
C’est toi qui a parlé pendant le précédent
( à Stéphane ) . Moi j’ai juste dit un mot compliqué,
un mot de Télérama.
Un mot de Télérama ?
M :Oui, comme c’était Télérama,
je me suis dit : "Quel mot pourrait bien plaire à Télérama
?". Alors j’ai trouvé un mot, j’ai trouvé
syrinx (*) . C’est pas mal, ça fait bien Télérama.
Euh, tu pourrais me l’épeler ?
M : Oui s-y-r-i-nx !
Bon puisqu’on est dans la sémantique
: pourquoi vous appelez –vous AS Dragon et pas FC Gargouille
par exemple ?
[léger blanc] M : Pourquoi on s’appelle
As dragon et pas FC gargouille ?? Ah oui, FC pour le foot –
c’est une tentative d’humour ça?
Oui oui – désolé.
H : Franchement AS Dragon ça sonne bien non
?
Oui très bien, mais ça vient d’où
?
H : Ca vient de nous tous, c’est de la gamberge
uniquement . ça sonne bien, c’est rigolo et on aime
toujours. En plus on est vraiment une association. Et.. question
suivante !
Bon. J’en ai plein. 3 mots pour définir
votre musique !
M :Alors moi je dirai ésotérisme !
N : Non non
M: Ah si ! Esotérique, ça veut dire
réservé aux initiés.
D : Excusez-moi – je suis en retard –
salut tout le monde – on peut commencer.
N : Energie. C’est lié au plaisir. Dans
l’effort tu génères des endomorphines. Deuxièmement
on va dire émotion. Et troisième, euh , je ne sais
pas trop.
M : Ah ben ne me demande pas puisque tu n’es
pas d’accord avec moi.
N : On va dire, quand ça part un peu dans toutes
les directions. Toi, le mot ?
S : Hétéroclite
N : Non pas hétéroclite , pas qui part
dans toutes les directions, mais qui rassemble quelque chose.
H :Multidirectionel ?
M : Centripète ?
Protéiforme ?
N : Non pas centripète
M : Si Centripète c’est toutes les forces
qui se rassemblent. C’est un peu ça quand-même.
Bon on va dire que c’est la bonne réponse.
Question pour stéphane. Dans le livret du disque, à
la rubrique remerciements, j’ai lu que tu remerciais à
la fois Sissi impératrice et le prince des ténèbres.
Tu peux m’en dire plus ?
S : Je les connais personnellement très bien
tous les 2.
Ah. Ils s’entendent bien ?
S : Oh oui. Le pire des 2 n’est pas celui que
l’on croit.
D’ailleurs il y a une touche gentiment SM
sur votre disque non ?
M : Un coté quoi ?
Sado maso
N : Bien dit. Gentiment SM.
Le titre "Spanked" , l’illustration
du livret. C’est délibéré, vous jouez
avec ça ?
N : Laissons le loisir aux auditeurs de répondre
à cette question.
H : Ca nous a fait marrer, parce qu’il y a une
chanson qui s’appelle "Spank on me" et du coup...
N : Hé, à ton avis, 4 garçons
et une fille dans une pièce, au bout d’un moment ça
donne quoi ?
H : C’est vrai qu’on aime bien le .. comment
on dit , on dit plus sexe maintenant, ah oui le cul ! Chacun à
sa façon on aime vraiment ça, on en parle beaucoup.
Non franchement ça nous a fait marrer sur le coup, mais on
n’est pas franchement SM.
N : faut demander au grand Shaman
D : Et puis , tant que ça reste entre amis…
N : Ouais bon pour résumer le tout on peut
dire qu’on est des marrants.
Oui ?
AS : oui !
Vous avez raison, il faut se méfier avec
les journalistes.
M : C’est un peu direct et définitif
ce que tu as dit quand même. On n’est pas des comiques
troupiers.
N : En matière de blague officielle tu te poses
là.
M : Oui mais de là dire qu’on est des
marrants..
H : Entre nous on se marre bien
Bon exit le coté SM.. Il y a également
pas mal de références "culturelles" dans
l’album. Il y Baudelaire bien sûr, qui n’est pas
facile à adapter sur ce genre de musique, et puis il y une
référence à Georges Bataille aussi, ou bien
je n’ai pas compris ?
N : Oui, c’est ça, Dirty fait référence
au "Bleu du ciel". Un bouquin très fort.
C’est une veine que vous comptez continuer
à exploiter ?
H : Quoi, continuer à copier dans les livres
?
Non non , plutôt reprendre ce qui vous a plu
dans un livre et le remettre à votre sauce, le transposer.
D : On ne se pose pas trop de questions, si on trouve
un truc qui est génial, et soit on a envie..
N : Si on arrive à la transposer, de manière
à ce que ce soit chanté, et non pas littéraire
pourquoi pas. Mais ce qui nous intéresse c’est le coté
rock, pas le coté littéraire. Moi j’ai besoin
d’aller chercher l’inspiration à droite à
gauche. Dans la musique aussi, c’est pareil.
Vous collaborez tous pour les textes? En tout cas
les auteurs crédités sur la pochette sont assez nombreux.
N : Ca va changer tout ça.
Tu vas t’en occuper plus ?
N : Non, c’est pas que moi je vais m’en
occuper plus, c’est que sur le premier album il y a des tas
de gens extérieurs au groupe qui ont écrit. Il y a
avait 2 problèmes : Un, je n’avais jamais fait ça,,
deux je n’avais que quatre mois pour le faire, donc forcement
j’ai pioché dans des trucs qu’on m’a proposé.
Maintenant s’il doit y avoir des textes différents
de ceux que j’écris, ça se fera au sein du groupe.
Je suis pour les pousser à écrire, que les tâches
soient de plus en plus partagées. C’est mon domaine
les textes, mais j’ai besoin qu’ils me les valident
sinon jamais je ne pourrais pas m’arrêter. Je ne peux
jamais dire "c’est fini" . C’est un travail
poétique.
"Pas chez moi" a été écrit
par quelqu’un d’extérieur au groupe. Le morceau
tranche un peu par rapport au reste de l’album ?
H : Non, nous on trouve pas, on l’a mis en avant.
J’ai pas dit qu’il était pas
bien, j’ai trouvé qu’il sonnait différemment
du reste de l’album.
D : Oui, il y a deux versions, la version française
et l’anglaise. La version française a été
remixée, c’était quatre mois après et
il n’a pas retrouvé le son du reste de l’album.
c’était pas une console numérique avec des mémoires,
c’était de l’analogique, donc on repartait de
zéro.
M: On nous pose toujours cette question, on nous dit
que ce morceau n’est pas représentatif du reste de
l’album. Alors moi je demande quel morceau est représentatif
de l’album ?
D : C’est vrai que sur le mixage en anglais
il y a eu une magie qu’on n'a pas retrouvé sur la version
française.
N : Mais certaines personnes nous disent exactement
le contraire.
S : Même nous quand on les joue, ce ne sont
pas les mêmes chansons, en français et en anglais.
Le texte influence le son.
Justement, est ce que vous allez vous orienter plus
vers des textes en français, ou garder l’équilibre
actuel entre français et anglais.
D : On devrait continuer à travailler sur les
deux.
N : Il n’y a que trois chansons en Français
sur l’album. Sur le deuxième il y en aura certainement
plus, mais je ne ferai pas tout l'album en français , je
n’ai pas envie de me priver de l’anglais. Peut être
2/3 1/3, on verra mais ce sera vraiment selon le besoin des chansons,
parce que comme on le disait tout à l’heure, tu ne
peux pas mixer de la même façon une chanson selon qu’elle
est chantée en anglais ou en français. Ni les sons,
ni l’interprétation vocale ne sont les mêmes,
et donc selon les besoins d’un morceau, quand c’est
plus mélodique et calme, ténu en particulier le français
peux convenir.
Beaucoup de groupe français tournent à
l’étranger avec succès, en Espagne en particulier.
Et vous ?
H : Non pas nous. En fait l’Espagne on a juste
failli y jouer ! On y était avec Bertrand ( Burgalat ), dans
un festival en plein air et on SAVAIT qu’il allait pleuvoir.
On arrive là-bas et ils n’avaient pas prévu
de bâches. Bien sur il a plu et on est rentré. On a
appris plus tard que les mecs qui devaient s’en occuper avaient
été payés par la mairie 6 mois avant et ils
priaient le ciel pour qu’il pleuve et qu’il n’aient
pas besoin de bosser.
D : On a tourné aux Pays-Bas, en Suisse, en
Belgique, en Allemagne.
N : Le disque sort en ce moment, en Angleterre en
Allemagne, aux Etats-Unis, au Japon, en Scandinavie.
Vous avez eu quels échos pour l’instant?
D : Il est sorti au Liban, on va aller jouer à
Beyrouth, on est la meilleure vente des disquaires.
N : On a été plutôt bien accueillis,
justement dans les pays anglo-saxons, bizarrement.
Bizarrement ?
N : C’est plus risqué pour nous,
parce qu’on arrive avec des chansons pop en Anglais.
D : Les anglais, si tu y vas à fond ils apprécient.
N : Ils sont beaucoup plus premier degré que
nous, ils prennent les choses pour ce qu’elles sont. Ils ont
du plaisir sur le moment.
D’un autre coté, ils aiment bien Air
et Mellow, qui sont beaucoup plus « pop » que vous,
qui jouent moins sur l’énergie.
H : Oui c’est vrai, mais on n’a pas eu
de problèmes quand même. Il y a des fois on se fait
beaucoup plus mal accueillir en France qu’à l’étranger.
N : Mais là où on a été
le mieux reçus, c’était en Bretagne.
Et vraiment mal ?
N : On ne peut pas dire ça comme ça.
Il y a des fois où ça ne c’est vraiment pas
bien passé, comme en Norvège.
D : On a fait la première partie de Stéréophonics,
c’était pas notre public, les mecs ne bougeaient pas,
il y avait plein de petites minettes.
N : C’était pas vraiment notre milieu.
Stéréophonics, c’est un peu la "starac"
du rock.
On leur dira !
H : C’était un problème de programmation.
N : Etre mal accueilli, c’est quand on a donné
beaucoup d’énergie et qu’en face on a eu des
glaçons. A Paris ça arrive parfois, ils sont tellement
blasés.
M : Bon allez, on arrête de parler de ça,
on s’en fout !
Des projets ?
N : Deuxième album ! Et puis repartir en tournée.
Quelles sont vos ambitions en terme de musique,
vous voulez devenir quoi ?
D : Ben musiciens. Travailler dans de bonnes conditions
, rencontrer des gens intéressants.
H : Faire de beaux albums. Et puis si on voulait faire
de l’argent , c’est producteur qu’il faut faire,
pas musicien.
Tirer un coup de temps en temps.
Avoir du public, de belles petites nanas qui font des sourires.
Et puis des beaux mecs pour Natacha. C’est pour ça
qu’on est chez TRICATEL, parce qu’on y est libres. Il
y a vraiment une équipe qui s’est constituée
autour de nous, des mecs qui bossent souvent gratos.
D : Moi je nourris un rêve secret, j’attend
que les Beatles se reforment pour essayer de piquer la place de
Mac Cartney.
M : Bon on la commence quand cette interview ? ça
n’a pas démarré là ?
Hum . Les victoires de la musique, vous en avez
pensé quoi vous avez regardé ?
D : C’était chiant
S : Il y avait les Wampas, ça m’a fait
plaisir. Ca a un peu secoué tout le monde.
Dyonisos ?
S : Ils font des efforts pour occuper la scène,
c’est même très impressionnant, mais au bout
de trois minutes on s’aperçoit quand dans leur musique
il n’y a pas grand chose pour nous.
H : C’est pas ce qu’on écoute ni
ce qu’on aime. Ils sont bien habillés, ils sont même
repassés. Ça sent les cours de scène collectifs.
Mais ce sont vraiment de super showmen , c’est difficile ce
qu’ils font et on respecte vraiment.
Vous écoutez quoi ?
Dyonisos !
Mickey 3D ?
H : Ils sont super gentils, on les connaît,
mais c’est pas notre tasse de thé musicalement, ce
n’est pas ce qu’on écoute.
Vous écoutez quoi en ce moment?
M : En groupe ; les Stranglers, les Small faces, les
Cure. On tombe d’accord dessus.
D : Mais il n’y a pas que ça, on est
pas complètement passéistes non plus. Moi j’ai
kiffé l’album des White stripes.
N : Comme groupe actuel que je trouve assez dément,
il y a les Make-up , je crois qu’ils sont de Détroit,
un mélange entre Iiggy Pop et Prince.
Vous pensez que le "retour du rock" auquel
on assiste depuis quelque temps a vocation à durer, ou c’est
juste une question de cycle ?
D : C’est juste des cycles , de la tchatche.
Les Strokes ils ont vendu quoi , 5000 albums ?
N : 50 000 !
D : Oui bon, n’importe ils ont pas vendu grand
chose par rapport au battage médiatique dont ils ont fait
l’objet. En France, on les attend les groupes de rock.
Vous seriez les seuls ?
D : Non bien sûr, on sait très bien qu’il
a beaucoup de bons, mais ils ne sont absolument pas dans les médias
et c’est ça le problème.
H : Le retour du rock, c’est vraiment un truc
de maisons de disque et de journalistes. Après la techno,
qu’est ce qu’on fait ? Le rock est revenu par les DJ,
par en haut, par des mecs très branchés qui en ont
eu marre un jour de passe r de la techno ou de l’électro
depuis 15 ans. C’est revenu par en haut, par les défilés
de mode.
N : Il a toujours été là, en
bas , le rock.
H : Par en bas, c’est la "starac",
c’est les Victoires de la musique, le r’n’b. Le
r’n’b c’est encore ce qu’il y a de plus
créatif.
N : On observe quand même que les mecs qui faisaient
de l’électro, aujourd’hui ils insèrent
du rock dans leur musique, ou ils essayent de jouer de la guitare
pour pas être largués.
H: Mais concrètement il n’y pas encore
grand chose à se mettre sous la dent, c’est pour ça
qu’il y a beaucoup de nostalgie. C’est pour ça
que reviennent en force des monstres comme Iiggy Pop, tous les grands.
Il a y une envie de rock, mais pas grand chose à se mettre
sous la dent.
Où sont les punks aujourd’hui ?. Pas dans la musique
je crois, ils sont dans d’autres délires. La musique
rock actuelle est beaucoup sur l’apparence , très cloisonnée
en scènes. Dès qu’un groupe commence à
être un peu connu, il rejoint une scène, où
il est sûr de tourner un minimum, de faire au moins 1 an d’intermittent
du spectacle.
Qu’est ce que vous pensez du débat
actuel à propos de l’utilisation d’Internet et
de la gestion des droits d’auteurs ?
H : Question difficile..
N : Par rapports aux droits ? Au piratage tu veux
dire ? Je crois que nous sommes tous ici un peu des deux cotés
de la barrière, à la fois on préférerait
que les gens achètent nos disques, sauf que je trouve que
15 euros c’est un peu cher payé pour un skeud, surtout
que nous on touche un franc dessus. Ca c’est un problème
de business et de maison de disque, c’est eux qui payent le
pris de leur connerie. Moi, à titre personnel, à part
pour des trucs cultes où je vais quand même acheter
l’album, si je peux pirater je vais pirater.
H : Internet c’est quelque chose de libertaire
qui est intervenu dans un monde qui ne l’est pas du tout.
Il est clair que si on vient télécharger gratuitement
un travail que j’ai fait, à ce moment là moi
je vais demain matin chercher mon pain chez mon boulanger sans payer.
Pourquoi pas ? On serait prêts à jouer le jeu d’une
société libertaire, avec disparition de la propriété
privée et intellectuelle. Mais là c’est une
attitude très libertaire qui intervient dans un cadre où
tout est très commercial. C’est vrai qu’il y
des gens qui kiffent parce que ils obtiennent gratuitement plein
de choses, qui croient qu’il sont les rois du monde parce
qu’ils ont une collection de 250 DVD qui ne sont pas encore
sortis en France, mais…
On parle de cas pathologiques là.
H : Oui mais tu vois je veux bien jouer le jeu mais
sur le principe j’ai du mal à ce qu’on prenne
mon travail sans contrepartie. La musique c’est du travail,
c’est dur à faire la musique. Il se trouve que c’est
justement chez les artistes qu’il y a le plus de gens qui
sont prêts à partager, et c’est très bien.
En revanche si des mecs qui ne savent pas faire trois accords ou
de chanter juste se mettent à télécharger comme
des fous en s’imaginant que c’est bien, que c’est
moderne, à ce moment là demain je vais aller prendre
le petit déjeuner chez eux !
Bien compris Hervé. Je vous prépare des croissants
ou des tartines ?
...C’est pour ça qu’il faut détruire Carthage.
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