Comédie dramatique de Valérie Boronad, mise en scène de Philippe Boronad, avec Philippe Boronad, Moana Ferré et Luis Jaime-Cortez.

Un homme part à la recherche de son origine et de son identité à partir de l'histoire tronquée de ses parents argentins pour faire le deuil d'un père inconnu et disparu pendant la dictature argentine, enfoui dans la mémoire d'une mère exilée qui est restée figée dans le passé. Une recherche qu'un avertissement liminaire interdit au spectateur de voir comme un récit fictionnel mais comme une quête introspective et onirique à travers les strates de l'inconscient.

Tel est l'argument du spectacle "Los demonios" présenté par la Compagnie Artefact, co-dirigée par Philippe Boronad, qui en assure la mise en scène et tient le rôle principal, d'après le roman éponyme de Valérie Boronad.

Un ambitieux dispositif scénographique multimedia, tenant tant à la conception d'images et de sons, et même un odorama, porte sur scène, sous forme d'une lecture mise en espace, un texte qui comporte peu de dialogues, avec quelques personnages sous forme d'apparitions mnésiques fantomatiques incarnées par Moana Ferré et Luis Jaime-Cortez, et démultiplie les espaces spatio-temporels avec des incursions fabulées dans les exactions de la dictature argentine, avec la voix du père imaginé, les angoisses et les espoirs de l'enfant et la catharsis, elle-même littéraire, de l'enfant devenu adulte.

Sur la scène plongée dans l'obscurité, officiant entre deux écrans symétriques seuls dispensateurs de lumière, Philippe Boronad procède, de manière investie et juste, à la mise en voix d'un texte au contenu pseudo-psychanlytique caractérisé par un lyrisme parfois emphatique qui ne ressortit pas au langage parlé, mais au verbe écrit et n'est pas porteur d'émotions mais de réflexions, et qui s'affranchit donc des codes de la dramaturgie théâtrale entendue au sens classique du terme.

Dès lors à défaut de s'appréhender comme telle, "Los demonios" risque fort de laisser le spectateur à côté de son fauteuil.