Spectacle
écrit et mis en scène par Jean Bois, avec Jean
Bois et Dominique Constantin.
Jean Bois, auteur, comédien
et metteur en scène, présente un nouveau spectacle
boutiqué à l'ancienne rien que par ses petites
mains, intitulé "Prague
sous la pluie qui passe et qui sourit" qu'il ne
faut absolument pas rater et totalement indispensable pour tous
ceux qui aiment le théâtre et les fables pour grandes
personnes.
Ces six fables ou tragi-comédies ou poèmes surréalistes,
à la fois balades sans destination destinées à
conjurer la réalité et ballades échevelées
pour croire au merveilleux, à l'écriture virevoltante
qui a la coquetterie de paraître simple et évidente
et qu'il faut déguster avec une curette à coquillage
pour y dénicher les pépites sémantiques,
entraînent le spectateur au théâtre, au cabaret,
au cirque et au music-hall pour le plaisir des yeux et du cœur.
Ca commence avec Jacky Jack, vieux crooner sur le retour en
tournée à Mézidon Saint-Sauveur qui a tout
de suite reconnu la belle dame en noir qui l'attend dans sa
loge et se termine avec les papy et mamy gâteaux et gâteux
qui reçoivent leur petit-fils ("Très chers
tous deux").
Entre temps, le vieux loup de mer qui n'a plus depuis belle
lurette le pied marin se coltine avec sa sirène éthylique
("La mirène et le sarin"), l'aveugle joueur
d'orgue de barbarie se laisse berner par une veille fleur de
bitume qui rêve d'être une jeune fille de bonne
famille ("L'aveugle et la putain") tout comme le loup
beau loulou par la chèvre de Monsieur Seguin et une veille
dame vient déposer plainte contre son ange gardien.
Sur scène, Jean Bois, présence magnétique
comme le regard de jais, qui s'écrit des rôles
à la mesure de ceux qu'il rêvait de jouer et dit-il
"qu'il ne serait venu à personne l'idée de
me propose" et sa compagne de toujours, Dominique Constantin,
sublime, à la diction et au phrasé éblouissants,
font coexister le cocasse et l'horrible, le poétique
et l'humour noir, la folie et le pathétique, le jubilatoire
et le chant du désespoir.
Du grand art, assurément. Et Prague alors ? Et bien
il fallait suivre ! |