The Fiery Furnaces : la bonne surprise.
Dès le premier morceau, ce groupe a quelque chose, la carrure d'un bon groupe. Pourtant on pourrait ne pas prêter attention à cette première partie, ne retenir que le côté cliché, très seventies. L'omniprésence du clavier joué par Matthew, ainsi que la prestance d’Eleanor, la sœur au physique et à la voix rappelant Patty Smith "époque Horses", ne laissent pas seulement transparaître le côté branché de ce groupe provenant de Chicago.
Il y a autre chose. Ce concert, lâché en un seul bloc, sans pause, l'intensité scénique d'Eleanor, son flot infini de paroles, la rythmique très basique, en font plus qu'un concert expérimental, c'est un vrai show.
Dès la fin de cette première partie, on a déjà envie de prolonger ce moment intense en achetant leur album.
Cette fois, ce n’est pas étonnant : on sait que Franz Ferdinand, programmé en deuxième partie, va éclipser le reste de la soirée. Tout est réuni : les fans sont aux rendez-vous, la bonne humeur aussi, avec la première partie des Fiery Furnaces, ça va bouger dans le public !
Aie, mais comment font-il pour être si efficaces ? En un instant, on prend un malin plaisir à imaginer que le public de Manchester a connu la même effervescence lors des concerts de New Order dans les année 80. La référence à ce groupe, ainsi qu'aux Smiths ou encore aux Talking Heads est encore plus évidente sur scène.
Les Franz Ferdinand sont ici pour prendre le maximum de plaisir avec le public, le faire chanter, danser. Dès le troisième morceau, voilà l’imparable "Take me out", calibré pour faire bouger toute la salle. Ils font littéralement "don" de leur musique. Surtout Nick McCarthy : le fait de fixer le public et d'essayer de rapprocher ou d'orienter sa guitare vers celui-ci, un peu à la manière de Peter Hook des New Order avec sa basse.
Bref, un concert plus que parfait, avec une montée progressive,
tout en finesse.
Après cet instant mémorable vient le tour des Yeah
Yeah Yeahs. Les personnes qui connaissent un peu ce groupe
New-Yorkais plébiscité par Jon Spencer savent à
quoi s'attendre. Les autres sont surpris, voir même rejettent
complètement la prestation extravertie et déjantée
de Karen O, la chanteuse.
Un rock minimaliste, des hurlements plutôt qu'un chant, on en vient à se demander comment pourra évoluer ce groupe, enfermé dans sa propre caricature Rock'& Roll. Peut être par la qualité de ses albums où lorsque que Karen chante avec plus de conviction des titres tels que "Maps" ou "Modern Romance".
Tête d'affiche : The Vines. Grosse pression pour eux que de venir clôturer cette soirée qui, jusqu'à présent, se déroule dans une ambiance très festive. Après une prestation comme celle des Franz Ferdinand, on sait déjà que le quatuor australien ne pourra guère rivaliser. En effet ils sont vraiment jeunes et manquent sûrement d'un peu d'expérience sur scène.
Au fur et à mesure que se déroule le concert, on s'aperçoit que l'on a peut-être jugé un peu trop vite les Yeah Yeah Yeahs. Au moins ce groupe a le mérite de posséder une personnalité unique avec Karen O, que l'on aime ou non. Ici, un guitariste en clone de Kurt Cobain, avec sa coupe de cheveux et son T-Shirt rayé noir et rouge, la voix vraiment douteuse du chanteur (on a l'impression qu'il est en train de muer), le côté "c'est la fin du concert, il faut que je casse ma guitare si je veux avoir l'air d'un rebelle..." Tout cela me fait penser au sketch de Jules Édouard Moustic de Canal+ à propos des "nouveaux punks" où a la fin du concert, ce sont les parents qui viennent chercher les petits rebelles en herbe... cela m'amuse beaucoup.
Le concert est très rapide, il est sauvé par les 3 ou 4 tubes que comporte leur dernier album. Pas de rappel pour les Vines, alors que la régie leur en avait laissé la possibilité, dommage.
Décidément, cette année aura été marquée par l'éclosion de nombreux groupes, et par un réel décalage entre les albums impeccables, surproduits, et une prestation scénique qui laisse à désirer. The Vines peuvent se rajouter à cette liste ou l'on trouve par exemple les Warlocks ou Sleepy Jackson.
En tout cas, rien à voir avec les Franz Ferdinand qui n'ont,
sans aucun doute, pas le même parcours que tous ces groupes-ci.
Leur prestation de ce soir ne fait que le confirmer.