Ça pourrait passer pour l’album pop parfait, tout simplement. Un rien rock, mené par la belle voix claire d’Erland Cooper, épaulée par le guitariste Simon Tong (The Verve, Blur, The Good, the Bad & the Queen…) et par le batteur David Nock (que l’on a déjà vu servir sous les ordres de Paul McCartney à l’occasion de l’album The fireman). Un sens du refrain catchy, de la mélodie simple & efficace, servi par des arrangements riches mais abordables. De toute beauté.
Pourtant, il y a bien plus encore dans ce projet carnavalesque, dont le nom dérive de la chanson "My name is carnival" de Jason Carey Frank, folk-singer maudit, sorte de Sid Barrett Woodstockien auteur d’un album éponyme en 1965 ; bien plus, que cette ascendance pourrait justement bien annoncer. On y retrouve tout le psychédélisme bon ton d’un Love (pour la douceur) ou des meilleurs Electric Prunes (pour certaines intonations, mais aussi, parfois, les sonorités de la guitare ; de façon frappante sur la reprise du morceau de Jason C. Frank, précisément). On y croise le lyrisme sans affectation d’une ballade folk traditionnelle ; un éclair de sage folie par instants, entre châteaux écossais et Edgar Allan Poe ; une touche de noirceur en plus, mais de cette noirceur qui donne un supplément de profondeur – rien de sinistre, loin de là : un éclat de noirceur lumineuse. Dans un grincement, on se souviendra peut-être même parfois des tous premiers gestes des Cure (façon "Killing an Arab" ou "Fire in Cairo", un trait mécanique en moins…).
Le curieux pourra se contenter de juger le sérieux de l’entreprise sur la foi du seul "Love is a killing thing", impeccable titre d’ouverture, bien plus complexe qu’il n’y paraît à la première écoute. Si les multiples facettes de ces 5’25 ne suffisent pas à le convaincre, c’est qu’il est irrémédiablement perdu à cette cause. Pour ceux qui sauront apprécier à sa juste valeur ce petit bijou d’album, on recommandera de suivre avec avidité et attention les prochaines productions de la formation. Car s’il est vrai que le disque, de façon assez incompréhensible, passe à peu près inaperçu pour l’instant en France, les quelques critiques que l’on peut lire, d’un côté ou l’autre de la Manche sont unanimes : avec un tel premier album, le groupe pourrait sans aucun doute dans un avenir proche tenir une place de premier plan. Avec avidité, vous dit-on.
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