Il fait encore gris dehors, l’hiver à été long. C’était sans compter sur l’offrande de l’espagnole née à Grenade, il y a tout juste 40 ans. Plus efficace que la luminothérapie, Tucson-Habana sorti en février dernier par le label Pias, est un album gorgé de soleil, de tristesse et chargé de références au folklore sud américain. Un hommage au territoire cubain !
Guitare twang, balais, contrebasse, et cuivres pour symboliser à merveille le lien terrestre existant entre les Etats-Unis et l’Amérique Latine.
L’instrumentation est particulièrement riche. L’album propose une ambiance et pour les plus avertis, il donne la concrète mesure de la culture latino à travers l’art de vivre et la manière d’aborder les relations humaines. Une musique que je verrais également très bien s’immiscer dans la scène d’un film de Pedro Almodovar. C’est un peu cliché mais la dimension onirique des titres conforte cette impression!
Je suis particulièrement touchée par deux morceaux : "Aqui estoy" très envoûtant dans le genre "road movies" avec des acteurs mal rasés en partance pour Tijuana, et "Quisiera, Pero" à la mélodie particulièrement bien trouvée. C’est aussi les deux morceaux dans lesquels la chanteuse n’use pas d’une voix plaintive dans ses questionnements existentiels ! Ah non, j’allais oublier "Hoja en Blanco" , très belle composition avec un banjo et des chœurs discrets mais qui apportent élégamment quelques pierres à l’édifice. Son timbre grave et âpre suffit à réchauffer l’âme des auditeurs en mal de cigares cubains et de soleil brûlant. Parfois aussi, Tucson-Habana a des essences un peu jazzy qu’il puisse via l’énergie de la trompette de José Alberto Varona.
Dans l’ensemble, on retrouve une distance classieuse menée avec force et subtilité par Amparo Sanchez. Nous dépassons ici le stade du vieillot, du suranné propre à la plupart des musiques traditionnelles pour toucher à la personnalité de l’artiste. Les univers musicaux se mêlent, s’entrechoquent, s’exportent et parviennent malgré tout à conserver leurs particularités : ce métissage est un franc succès !
Suivie de près par Joey Burns de Calexico, la dame a ce quelque chose de rebelle et d’anticonformiste qui peut séduire. A conseiller à tous ceux qui veulent opter pour l’évasion !
|