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Le plan  (Ris-Orangis)  10 avril 2010

C'est une affiche ô combien alléchante que nous propose Le Plan ce soir : le duo instrumental Ballake Sissoko & Vincent Segal et la franco-marocaine à la voix de cristal Hindi Zahra. La salle Essonnienne prouve une fois de plus la qualité et l'éclectisme de sa programmation, sans égale en banlieue parisienne (l'EMB Sannois mis à part).

Le concert de Ballake Sissoko (le malien joue de la kora, instrument à corde africain) & Vincent Segal (au violoncelle) vient juste de commencer lorsque l'on pénètre dans la salle. C'est avec surprise que l'on découvre une fosse entièrement assise et une atmosphère figée. On entendrait une mouche voler. Le duo, guidé par un esprit de liberté manifeste, nous propose une heure de sonorités africaines riches et bariolées. On connaissait la virtuosité de Vincent Segal au violoncelle, mais il parvient encore à nous surprendre : la retranscription des instruments africains au violoncelle est bluffante. Les yeux fermés, ses doigts agiles parcourant son kora, Ballake Sissoko enchaîne les arpèges et les mélodies. Le mariage des deux sonorités fonctionne à merveille, les deux instrumentistes étant clairement sur la même longueur d'onde. Malgré la grande qualité de leur prestation, on finit par décrocher : leur musique trop solennelle manque de vie. On serait curieux de voir ce que cela donnerait avec des percussions et un chant en plus.

En matière de voix, Hindi Zahra est parmi ce qui se fait de mieux aujourd'hui en France. La jeune chanteuse (30 ans) n'a pas son pareil pour chanter le spleen. Déjà sous le charme de son tout récent Handmade, elle confirme tout le bien que l'on pense d'elle en livrant sur la scène du Plan une performance en tous points fascinante.

Son groupe (deux guitares, un clavier, une batterie) l'accompagne à la perfection, sans en faire trop, sachant se mettre en retrait lorsqu'il le faut et mettant parfaitement en lumière son magnifique écrin vocal. La chanteuse commence par poser l'ambiance avec deux titres lancinants absents de l'album mais d'une évidence mélodique pourtant remarquable. Dès ses premières notes dans le micro, la force de son chant envoûte.

"Fascination" et "Imik Si Mik", deux des plus beaux titres de l'album, viennent confirmer nos impressions avant que la splendide "At The Same Time" et le tube "Beautiful  Tango" n'enfoncent le clou. Les versions des titres joués, plutôt sages et fidèles jusqu'ici, partent ensuite dans de longues et jubilatoires improvisations. Hindi Zahra s'amuse à détourner ses chansons, à les triturer dans tous les sens ("Kiss & Thrills", avec une superbe introduction aux percussions, "Oursoul", "Set Me Free"). Les musiciens s'en donnent à cœur joie, chacun se lançant dans de brillants chorus.

La chanteuse revient seule à la guitare pour un "Don't Forget" émouvant de simplicité et de beauté. Déjà admirables et touchantes sur disque, ses compositions deviennent magiques en concert. Même une chanson de la trempe de "Waiting In Vain" de Bob Marley (sur Exodus, 1977) ne perd aucunement de sa superbe. Mieux : elle parvient à en donner une version toute personnelle et extrêmement réussie. Le public exulte. Modeste, Hindi Zahra considère que "c'est l'effet Bob".

"Stand Up", sans conteste le meilleur passage du concert, se révèle absolument géniale en live. La version euphorisante jouée ce soir est beaucoup plus forte que celle du disque, un peu trop sage. La chanteuse muscle son chant et ne se cache plus. Elle regarde le public droit dans les yeux et joue avec lui, évoquant même par instants James Brown avec ses gimmicks vocaux irrésistibles ("Do what you gotta do", "Stand up on your two feet baby"). Les spectateurs répondent présent puis donnent de la voix lorsque le groupe se retire en coulisses.

Un rappel nous voulons, un rappel nous aurons. La troupe revient pour un titre, "Music", qui vire en rock façon "Immigrant Song" de Led Zeppelin. Étonnant mais réussi. Hindi se déchaîne, laisse ses cheveux s'exprimer et dévoile une facette insoupçonnée de sa personnalité. Ballades, soul, folk, reggae, jazz et donc rock : tous les genres sont pris à bras le corps avec le même enthousiasme et la même réussite.  Son concert est un voyage, à travers les styles musicaux, les langues, les sentiments.

Timide mais habitée, Hindi Zahra impose par la seule force de sa musique un univers extrêmement personnel. Elle parvient à insuffler un souffle oriental à ses compositions folk tout en en proposant des versions reggae. Sa façon atypique d'exprimer ses émotions avec son corps y participe aussi (main qui vibre à l'unisson de son chant, danse heurtée, yeux fermés et bouche ouverte), de même que ses mélodies originales et onctueuses. Mais ce qui fait son charme, c'est cette voix irrésistible, à la douceur et la fluidité incomparables. Hindi a montré qu'elle sait durcir le ton lorsqu'il le faut. Mais par dessus tout, c'est la puissance mélancolique de son chant qui fait décoller ses morceaux, et nous avec. Lorsqu'elle y parvient, le fantôme de Billie Holiday n'est jamais très loin.


 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Handmade de Hindi Zahra
Hindi Zahra en concert au Fil (vendredi 19 novembre 2010)
L'interview de Hindi Zahra (lundi 4 janvier 2010)

En savoir plus :
Le site officiel de Hindi Zahra
Le Myspace de Hindi Zahra
Le blog de Pierre


Pierre Baubeau         
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