A l'occasion de la sortie
de leur nouvel album, Hémisphère gauche, nous avons
rencontré les membres de Expérience pour un petit
entretien ... le voici
Commençons par les choses qui fâchent : Diabologum
: Un passé assumé ou rejeté ?
MC : Complètement assumé. Aucun regret
et beaucoup de bons souvenirs, on a simplement été
usés par trop de tournées, il y avait une certaine
lassitude Il y a 10 ans on était des jeunes cons, on avait
22 –23 ans, très intransigeants. Puis on a évolué
dans des directions un peu différentes. Je crois que nous
avons arrêté au bon moment, et chacun se réalise
à sa façon maintenant. Program, le groupe d’Arnaud,
reste dans la noirceur, Expérience est plus énergique,
plus clair et plus posé, mais les deux visions fonctionnent.
Clair ? On a eu quand même un peu l’impression
d’écouter la bande son d’une civilisation qui
se meurt ?
MC : Le premier disque d’Expérience était
plus posé, c’était un disque solo et je voulais
retrouver plus de rapport à l’humain, rendre les choses
un peu plus accessibles.
Le deuxième est plus le fait d’un groupe,
il est plus dur que le précédent. J’ai 32 ans,
et je joue dans un jeune groupe, c’est un moteur pour continuer.
On a retrouvé une acidité dont je m’étais
éloigné avec l’album précédent.
Le fait de beaucoup tourner, en particulier en Espagne, a forgé
la cohésion du groupe, qui a trouvé son son et son
propos.
Vous avez regardé les victoires de la musique
? Vous en pensez quoi ?
WM : Pas grand-chose, j’ai bien aimé
les Wampas. Le reste était plutôt triste.
3 victoires pour un groupe comme Mickey 3D, ça
vous inspire quelles réflexions ?
MC : Oui c’est vrai que c’est rassurant,
même si je trouve que leur discours est un peu soft par rapport
à l’époque. Quand je pense que Manset ne voulait
pas sortir de disque dans les années 80 parce qu’il
trouvait l’époque détestable et qu’il
en sort un maintenant…Le monde occidental est vieux, la modernité
est un paquet cadeau vide. Je crois qu’on va vers une situation
catastrophique à terme. J’ai écris "résumé
des futurs épisodes" juste après le 21 avril
2002 et rien ne s’est arrangé depuis, la chanson reste
d’actualité.
Si vous ne faisiez pas de musique, vous feriez quoi
? De l’activisme ?
WM : Du cinéma je pense, parce que j’ai
fait des études dans ce domaine.
MC : Je ne sais pas. Ecrire n’est pas suffisant,
parce que l’art n’a de portée que personnelle.
Si on pouvait faire évoluer le monde par des chansons, ça
se saurait. Des gens comme Dylan ont tout compris, tout expliqué
mais personne ne l’a écouté. J’ai toujours
eu une position ambiguë par rapport à l’engagement
politique.
Il y a quelques années on se tenait à
l’écart de tout ça, maintenant je pense qu’il
est important de s’impliquer plus. Depuis 2 ou 3 ans j’ai
participé à des manifestations, qui n’ont rien
changé, mais le fait de participer m’a permis de me
sentir un peu moins malheureux. C’est un peu la même
chose avec les chansons. Je rêve d’un nouveau leader
politique en France, d’un nouveau prophète.
Quelle est votre ambition par rapport à la
musique, vous en attendez quoi ?
MC : On n’a pas d’ambition particulière,
si ce n’est celle de pouvoir continuer à faire ce qu’on
fait le plus longtemps possible, ce qui déjà n’est
pas très facile. La musique est très formatée,
et nous on n’est pas au bon format. Mais c’était
déjà le cas dans les années 90, où même
sur la scène alternative tu n’intéressais personne
si tu n’avais pas un cuivre dans ton groupe. On garde quand
même la foi.
D’ailleurs chaque fois que j’ai rencontré
des groupes anglais ou américains, j’ai été
frappé par leur hargne, leur énergie. En France dès
que tu commences à vendre un peu tu es intermittent et c’est
plus confortable. Attention, je ne dis pas du tout qu’il faut
moins de protection sociale, mais je crois que quand tu es artiste
il faut que ça "brûle" un peu.
Brûlons, donc !
C’est pour ça qu’il faut détruire Carthage.
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