Un
livre poème qui flirte avec le slam, le rap et l’élégance des
mots.
Faisons simple voulez-vous ? Prendre des mots, épicés si possible,
c’est ce dont on se souviendra le plus. D’ailleurs il n’y a
pas mieux pour revenir sur les traces du poète et relire son
phrasé. Les mots, c’est comme la confiture, cela colle majestueusement
à notre pauvre petit cerveau englué.
Alors n’ayons pas peur du poète, voulez-vous, regardons cet
homme libre qui nous offre à raisonner avec ses rimes.
Gérard Berréby est de ces garnements
qui refusent de voir le verbe banalisé, sans profondeur, pire
peut-être, un verbe qui aurait perdu son signifiant, son sens
de la révolte, sa sensualité… En un mot comme en mille, un verbe
qui ne se conjuguerait plus au même temps que celui de Liberté.
En lisant "Stations des Profondeurs"
de Gérard Berréby, édité par les Éditions Allia, on se trouve
devant un dilemme. Enfin, c’est l’auteur qui, nous prenant pour
des lecteurs adultes, refuse de nous prendre par la main. Il
a bien raison le gaillard de nous obliger à nous servir de notre
cervelle comme Kalachnikov.
Poète ! Tes papiers.
Il n’y a pas plus dangereux pour nos roitelets que le mot du
poète, il est ciselé, il coupe comme un rasoir, au puissant
comme peut l’être une révolution (il y a des mots il parait
qu’il ne faut pas dire. Il y a des limites au politiquement
incorrect). Alors, avant de croire que le monde est aussi souriant
qu’on veut nous le faire espérer, lisez ce recueil de poèmes;
Prenez votre temps, trouvez la bonne sonorité du mot, et appropriez-vous
l’articulation respiratoire du poème lu.
Être enfin en phase.
Ce n’est pas facile, j’en conviens. Cela peut demander un effort
auquel nous ne sommes pas habitués. Faites le, n’hésitez pas
à balayer les idées trop vite perçues sur le poète impossible
à lire, à comprendre. Ici, ce n’est pas la question. Il est
comme vous et moi, citoyen à fleur de peau.
Mais convenons-en, le poète n’est pas un écrivain/artiste tout
à fait comme les autres, ce mot, poète, plus que pour beaucoup
d’autres, est une balle qui percute le monde endolori de notre
vie, sans la tuer. C’est peut-être cela la vrai violence, cette
absence de boucherie. Cette absence d’images complaisantes dont
on nous gavons comme des oies.
Le verbe est ici artiste, objet en résistance.
Si vous croyez qu’il est temps d’entrer en résistance… Faites
le.
Lisez les poèmes de Gérard Berreby, homme des frontières qui
a émigré en 1965 de Thala en Tunisie pour la France. Homme de
lettres. De par ses mots libres il offre à notre lecture une
bien belle sensation, celle d’être devant un homme debout.
Ce n’est pas rien croyez-moi, dans notre monde aux mille courtisans.
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