A l'occasion de la sortie de son premier album Music Maelstrom, nous recevons à domicile Dorothée Hannequin alias The Rodeo.
Instant idéal pour lui demander plus de précisions sur son nouveau projet.
Comment as-tu appréhendé ce projet solo après l'aventure Hopper ?
Tout cela est arrivé un peu par hasard, car j'ai commencé ce projet avant qu'Hopper ne se termine, sans savoir que le groupe allait s'arrêter d'ailleurs. Cela me plaisait beaucoup car il se passait beaucoup de choses autour de moi, c'était un challenge. J'ai d'abord fait beaucoup de concerts toute seule. C'est très différent d'Hopper, car on pouvait faire pleins de bourdes sur scène, comme l'énergie primait, on s'en moquait un peu. Tandis ce que là, je suis toute seule, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je voulais revenir à quelque chose de plus basique musicalement.
Y a-t-il eu un élément déclencheur qui t'a donné envie de faire ce projet solo ?
J'avais des chansons qui n'étaient pas destinées à Hopper, beaucoup plus épurées, et que je ne voulais pas laisser de côté. J'avais envie de les exploiter, de les présenter et de fil en aiguille, on m'a proposé de faire des petites scènes et j'ai pu enregistrer mon premier CD. Je ne cherchais pas à avoir un projet parallèle, j'avais juste quelques chansons en trop !
De quoi avais-tu envie après Hopper justement ?
Nous composions à quatre, je voulais du coup revenir avec une base plus sobre à la guitare acoustique, je ne voulais pas retourner à l'électrique. Quand on est dans un groupe, on répète beaucoup, alors que pour The Rodeo, j'entends une mélodie dans ma tête que je tente de reproduire à la guitare. Cela part de quelque chose d'assez basique, que j'appelle comptine, des mélodies assez simples, intemporelles. C'est très différent d'Hopper, on était à fond dans la musique indé. L'énergie primait ainsi que les guitares distordues.
Ce retour aux bases est dû à de nouvelles influences ou as-tu toujours écouté ce genre de musique ?
Non j'ai toujours écouté ces musiques là, je composais à la guitare acoustique avec Hopper. C'est vrai que ce qui est dans ma bio, c'est que je compose avec une guitare qu'on m'a offerte à mes quinze ans. C'est peut-être elle qui me donne l'inspiration, je ne sais pas. C'est un travail personnel au niveau des textes, une sorte de mise à nu. C'est une mise en danger, j'avais envie de connaitre ça.
Il n'y a plus de compromis aussi.
Oui. C'est bête à dire mais quand tu es seul, tout va plus vite. Les concerts, la composition, l'enregistrement... Je pense qu'après neuf ans de groupe, ce qui est déjà beaucoup, on manque d'énergie, il y a eu des hauts et des bas. J'avais envie de connaitre autre chose.
Ta voix est beaucoup moins rauque qu'avec Hopper. As-tu travaillé cela ? Etait-ce voulu ?
Complètement volontaire. Je ne dirais pas que ma voix est moins rauque mais que j'ai essayé de m'aventurer dans des registres vocaux inconnus jusque là. Dans Hopper, nous étions deux chanteuses et Aurélia interprétait plutôt les parties aigues, donc je faisais le reste, les parties les plus énervées. Je voulais chercher un petit peu plus loin que ce que je faisais auparavant. J'aime bien jouer sur les contrastes, avoir une voix rauque et fragile à la fois.
Tu as sorti deux EP avant cet album Music Maelstrom. Pourquoi attendre aussi longtemps ?
Le premier EP était vraiment pour me faire connaitre. Ce n'était qu'un premier jet enregistré en quelques jours. C'est ce EP qui m'a fait connaitre, il n'était disponible que sur internet mais des gens se sont intéressés à moi, ont fait des chroniques. Puis le deuxième EP est un avant-goût de l'album. J'avais des chutes de l'enregistrement que je ne voulais pas jeter. Je l'ai sorti en vinyle pour que l'objet soit original. L'album est sorti peu de temps après. Je pars du principe que si l'on peut sortir des chansons, on doit le faire plutôt que de suivre le schéma de l'album qui sort tous les deux-trois ans. Si je fais un deuxième l'album, j'espère qu'entre temps, j'aurai des idées de reprises, de duos ou d'inédits. Je n'aime pas passer trop de temps en studio, trop réfléchir. Pour moi, les chansons sont comme des instantanés de moments donnés de la vie. Donc je préfère les donner tout de suite, au lieu de les garder au chaud pour un album, au moment où je les aurai ressassées au risque de ne plus les aimer.
Comment s'est passé l'enregistrement de Music Maelstrom ?
Il s'est déroulé en deux étapes. La première partie s'est passée à Montreuil puisque la majorité des musiciens qui ont participé sont de Paris, c'était plus simple. Après je suis partie à Dallas pour enregistrer les voix et faire le mix. Des musiciens locaux sont venus s'ajouter à l'album. C'était plutôt rapide comme enregistrement, il n'a duré que trois semaines, sans trop réfléchir, c'est pour cela qu'il a un côté spontané, dû à l'atmosphère du live. Certaines choses ne sonnent pas très juste, mais je l'ai voulu comme ça. Par exemple sur Uncle Sam, je siffle à la fin, c'est faux mais je ne voulais pas utiliser un logiciel pour corriger cela. J'imagine mes disques un peu comme une vie, il y a des accidents, des choses magiques.
Cet album sonne très américain, très country. Ce sont tes influences musicales ou littéraires qui t'ont amenée vers cela ?
J'ai beaucoup plus été bercée par des chansons américaines que par des chansons britanniques ou françaises d'ailleurs. J'ai un amour infini pour la culture américaine, la contre culture surtout, les livres, les films, les grands espaces. J'essaie d'y aller chaque année. C'est assez inconscient.
Fais-tu encore des concerts en solo ?
Presque plus, j'en ai quelques uns, question de budget. Mais normalement, nous sommes trois. Je joue toujours avec le batteur d'Hopper et j'ai un violoniste. Mais tous les deux jouent d'autres instruments, du charengo, du clavier, ils font des chœurs.
Penses-tu présenter cet album aux Etats-Unis ?
C'est prévu pour le moi d'octobre.
Peux-tu décrire ta musique en trois mots ?
Spontané, brut et folk. Retrouvez The Rodeo
en Froggy's Session
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