Le
Musée Guimet et la Réunion
des Musées Nationaux ont organisé, pour la première fois
en Europe, une exposition transversale consacrée au taoïsme
qui se propose, à travers un peu plus de deux cent objets appartenant
à tous les domaines de l'art, "une relecture poétique et optimiste"
d'une religion fondée sur une cosmogonie et sur une vision,
au sens premier du terme, très atypiques du monde et de l'homme.
"La voie du Tao - Un autre chemin
de l'être" aborde à travers ses émanations artistiques
un mode de pensée et un art dont les arcanes sont peu vulgarisés
pour lesquels la lecture du catalogue s'avère quasiment indispensable.
La partie "catalogue"stricto sensu, dont la structure suit le parcours de l'exposition, permet au néophyte d'aborder non seulement l'ordonnancement taoiste dans tous ses méandres mais également son iconographie qui paraît nécessairement préalable à la visite.
La
très étoffée partie traditionnellement consacrée aux essais
commence notamment par une introduction à l'art taoiste par
Kristofer Chipper, maître taoiste et sinologue diplomé de l'Ecole
pratiques des Hautes Etudes, spécialiste de l'histoire du taoisme,
et une introduction à l'exposition rédigée par Catherine
Delacour, conservateur en chef au Musée des arts asiatiques
Guimet et commissaire de l'exposition.
Elle signe également une étude sur le taoisme et la peinture
de paysage qui souligne non seulement l'importance de la perspective
multiple, qui traduit la conception globalisante de l'univers
comme émanation du principe créateur, mais détaille également
les éléments essentiels de la philosophie de l'école du paysage
chinois dont la préparation à l'acte de peindre par la méditation
et l'imprégnation dans le milieu naturel.
Alain Arrault, maître de conférences
de l'Ecole française d'Extrême Orient, s'intéresse à l'histoire
de l'image cultuelle qui, par essence, repose sur la supériorité
de l'écrit et le principe de l'aniconisme qui a connu une nécessaire
évolution, le rituel taoiste et les écrits saints étant abordés
respectivement par John Lagerwey de l'Ecole
pratique des Hautes Etudes et Christine
Mollier du CNRS.
A lire également l'essai de Catherine Despeux, sinologue et professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales, qui lève toute ambiguité sur la notion d'immortalité telle qu'elle est définie par le taoisme et qui bien évidemment ne signifie pas l'immortalité physique mais la transformation de soi qui passe par des processus de transmutation alchimique et de régression du temps pour transformer l'essence vitale en souffle, le souffle en âme, l'âme en vacuité. |