"This
is the bar", écrit, mis en scène et interprété
par Guillaume Barbot, Louis Caratini, Benoît Félix
Lombard et Nicole Genovese.
Nicole Genovese, Guillaume Lombard, Benoît-Félix Lombard et Louis Caratini. Ils sont jeunes, beaux et propres sur eux. Des acteurs qui se présentent comme des chanteurs pas chanteurs, un peu musiciens, se piquent de pratiquer le slam pour partager "quelques bouts d'imaginaires". Pas le slam de banlieue plutôt celui des beaux quartiers.
Ils proposent une agréable introduction à la soirée, idéale
pour les rallyes, et avec, en final, "Helsinki-kiki", une chanson
digne du Concours de l'Eurovision.
"Lomania", écrit par Charlotte Escamez, mise en scène
par William Mesguich, avec Agathe Alexis, Anne de Broca et Michèle
Simonnet.
William Mesguich avait monté au Théâtre l'Atalante la pièce "La veuve, la couturière et la commère" qualifiée par son auteur Charlotte Escamez de "farce onirique et meurtrière" qui mettaient aux prises trois figures tragiques dans une histoire de vie, d'amour et de mort.
Cette dernière a écrit spécialement pour cet événement, une suite, ou un court avatar, intitulée "Lomania", un diabolique monologue à trois voix dont il assure une plus que lecture en espace avec les trois mêmes comédiennes.
Trois comédiennes, et pas des moindres, pour incarner trois femmes en noir qui, dans un huis clos qui ne peut être brisé que par la mort, usent leurs souvenirs et s'entredéchirent avec la cruauté à la mesure de leur amour.
Trois tabourets, un rideau de fond de scène noir, un brouillard et le fil des vies qui s'entrelacent symbolisé par un large ruban suffisent pour élaborer un décor épuré, réduit à l'essentiel, simplissime et pourtant au cordeau, l'aire de jeu de ces superbes monstresses.
Sur fond de chansons de Paco Ibanez, Maria aux pieds sensibles
(Agathe Alexis), Lola à la main douloureuse
(Anne de Broca) et Antonia au coeur
qui saigne (Michèle Simonnet) entraînent
le public dans le monde grave du pathos, de la tragédie à l'espagnole,
un univers qui évoque également le chant des âmes de Federico
Gracia Lorca.
Un grand moment de théâtre.
"Les esseulés", écrit par
Julien Covain et Sara Giraudeau, mis en scène par Sara
Giraudeau, avec Simon Hubert, Anne Auffret, Julien Covain et
Olivier Balu.
Sara Giraudeau se lance dans la co-écriture
avec Julien Couvain et dans la mise
en scène avec "Les esseulés"
qui se présenterait comme une réflexion sur la solitude des
jeunes gens qui se veulent comédiens, veulent jouer, faire de
la mise en scène, monter un spectacle et qui n'y arrive pas,
dixit le pitch, faute de talent, d'échange, d'organisation,
bref de tout. Sans doute une expérience vécue.
Et que dire de la solitude du spectateur au fond de siège devant un tel spectacle ?
"La réunion", écrit et mis en scène par
Salomé Lelouch, avec Rachel Arditi, Sarah Biasini, Guillaume
Bouchede, Ludivine Dechastenet, Adrien Devan et Adeline Ishiomin.
Salomé Lelouch utilise l'effet garanti du procédé vaudevillien de l'aparté au public comme ressort comique pour cette courte comédie intitulée "La réunion" qui narre une séance de brainstorming au sein d'une entreprise de dentifrice touchée par la crise et la concurrence.
Réunis en arc de cercle autour d'une table imaginaire, les cadres pensants pensent davantage à leurs petits problèmes et à leurs grandes angoisses qui enflent avec le temps jusqu'à ce que la machine s'emballe pour finalement tourner à vide.
L'affaire rondement menée par Salomé Lelouch tant à l'écriture qu'à la mise en scène profite du format court qui lui permet de ne pas s'enliser ni de lasser le spectateur.
Sur scène, les comédiens, Ludivine de Chastenet,
Sarah Biasini, Rachel
Arditi, Adeline Ishiomin, Guillaume
Bouchède et Adrien De Van,
sont bien distribués et brossent avec conviction et empathie
le portrait de personnages relativement fragiles dont le comportement
souvent névrotique appelle inéluctablement les rires.
"Carmen acte II", mise en scène de Alexis Michalik, avec
Julie Zenatti, Nitya Fierens, Géraude Ayeva-Derman, Antoine
Lelandais, Kova Rea, Youssef Hajdi, Christian Mulot, Cloé
Horry, Marine André, Laura Bensimon, Olivia Manissa Panatte,
Roxane Le Texier, Fred Colas, Arnaud Schmitt, Yves Letzelter,
PAD, Raphael Bancou, Sabrina Boudaoud, Fabien Hily, Julien Plantier
et Christophe Mali. Alexis Michalik, comédien et metteur en scène qui a transposé "La mégère apprivoisée" et "Roméo et Juliette" dans la sphère de la comédie musicale et Julie Zenatti, la révélation de "Notre Dame de Paris" présentent "Carmen acte II" qui constitue un extrait de leur projet commun, une comédie musicale librement adaptée à la sauce rock n’ Soul de la "Carmen" de Georges Bizet.
Sous la plume et la mise en scène de Alexis Michalik, la composition musicale de Pierre-Antoine Durand et les chorégraphies de Nitya Fierens, le fragment présenté sous une forme cabaret punchy spécialement adapté au volume du Ciné 13 Théâtre est furieusement endiablé et porté par une troupe nombreuse particulièrement investie.
Pour l'occurrence, Carmen qui n'est plus une brune incendiaire en robe rouge mais une blonde en noir austère a les traits et la voix de Julie Zanetti. Côté voix, s'agissant des rôles principaux, Christophe Mali, membre fondateur du groupe Tryo, souffre de la comparaison avec Antoine Lelandais est un Escamillo plein de verve et surtout doté d'un organe vocal percutant. |