"My
70’s show", écrit et mis en scène par Laura
Domenge, avec Cécile Martin, Pieryk Vanneuville et Laura
Domenge.
En cumulant les casquettes, auteur, metteur en scène et comédienne,
Laura Domenge ne doute de rien et
propose avec "My 70's Show"
sa vision très réductrice et caricaturale des années mythiques
années 70 à partir d'un recyclage peu réussi : un titre faisant
référence à une série américaine sans lien avec ce qui semble
être son propos, une vraie fausse interview de Andy Warhol et
le city-movie d'une jeune fille qui se prend pour la Patsy de
"Absolutely fabulous", et qui, après avoir quitté son Kansas
natal pour devenir une star newyorkaise, se retrouve livreuse
de substances illicites dans les soirées VIP.
La perruque platine du gourou de la Factory, la voix de Nico du Velvet Underground ou les vidéos de soirées parisiennes de ses amis ne suffisent hélas pas à évoquer ce que fut la Beat generation.
"Le Godemichet Royal" mis en scène par Clément
Thiébault.
Certes, l'érotisme n'attend pas le nombre des années mais Clément
Thiébault, qui propose un montage de textes érotiques
des 17ème et 18ème siècle, se soumet à un exercice de haute
voltige qui tourne à la déconfiture et dont le seul le titre,
certes affriolant, "Le godemichet royal",
et le nom d'une comédienne à suivre, Pauline
Vaubaillon.
De plus, ce soir-là, la présence de lycéens gloussants et pouffants comme s'ils sortaient d'un couvent des oiseaux desdits siècles n'a sans doute pas aidé. A moins que justement, le spectacle soit conçu comme une parodie au second degré.
"Inventaires", de ¨Philippe Minyana, mis en scène
par Damien Bricoteaux, avec Sarah Biasini, Catherine Cyler,
et Ludivine de Chastenet.
Damien Bricoteaux présente avec réussite une version courte de la pièce "Inventaires" de Philippe Minyana.
Ecrite en 1987, ce croisement entre la réunion de thérapie de groupe, le quart d'heure warholien, le monologue d'Irma Lambert et la télé-réalité met en scène des femmes et des objets. Ou plutôt trois femmes ordinaires avec chacune son objet dont on ne sait s'il est son objet totem, le symbole de sa condition ou le témoin muet d'une vie ratée, qui racontent leur vie sous forme d'une confession sans concession et sans illusion.
Ce qui constitue une partition de choix pour les comédiennes
qui officient sans décor dans une belle et sobre direction d'acteur
de Damien Bricoteaux et qui, par une interprétation très juste
parviennent à rendre attachantes ces femmes en manque d'amour,
au coeur griffé par la vie, tout en révélant leur frustration
(Catherine Cyler), leur méchanceté
(Sarah Biasini) ou leur désespoir
(Ludivine de Chastenet).
Et l'applaudimètre ne s'y est pas trompé.
"Le nouveau locataire" de Ionesco, mis en scène par Emilie
Chevrillon et Coralie Maniez, avec Paul de Launoy, Guillaume
Compiano et Aurélien Rondeau.
Emilie Chevrillon propose un beau travail avec une pièce en un acte de Ionesco intitulée "Le nouveau locataire".
L'intrigue en est simple, la pièce aurait pu tout simplement s'intituler le déménagement, et démontre ce que chacun a pu constater : le nombre tout à fait déraisonnable de cartons à caser lors d'un changement de résidence qui finissent par envahir tout l'espace vital.
Elle donne une approche tout à fait personnelle de ce "ballet pesant" en élargissant son propos, qui tient à la prolifération mortifère des objets, pour en faire une farce consumériste planétaire.
Le spectacle est fluide tout en mettant en évidence la fameuse
spirale ionescienne et maîtrise bien la chorégraphie des corps
entre la logorrhéique toupie qu'est la concierge-fenêtre qu'elle
interprète et la raideur catatonique du locataire à qui Paul
de Launoy, excellent dans la pantomime, donne des allures
de "Mon oncle" de Tati.
A noter une scénographie particulièrement réussie avec un
décor-puzzle intrigant due à la plasticienne Coralie
Maniez dont la manipulation à vue par les déménageurs
(Aurélien Rondeau et Guillaume
Campiano) a cependant tendance à distraire le spectateur
de l'action.
"Couple ouvert à 2 battants" de Dario Fo, mis en scène
par Jérôme Quintard, avec Nicolas Martinez et Louise
Danel.
"Couple ouvert à deux battant" de
Dario Fo et Franca
Rame, pièce à deux personnages qui narrent les aventures
tragico-burlesques d'un couple qui vit en scène de ménage permanente,
est une des pièces les plus souvent jouées qui, de ce fait,
est rongée jusqu'à l'os.
L'innovation semble bien difficile et pourtant Jérôme Quintard parvient à renouveler l'intérêt du spectateur en dédoublant le personnage féminin. L'affaire est rondement menée même si l'interprétation est un peu inégale. |