Retour réussi des sympathiques New-Yorkais avec un album de reprises bien senties, qui fait suite à leur Lucky de 2008.
Nada Surf fait un peu partie de la famille : on a tous été bercés en 1996 par High/Low et son tube adolescent "Popular" les propulsant (un peu vite) sur les radios du monde entier comme the Next Big Thing, avant de vraiment commencer à les apprécier sur The Proximity Effect et Let Go.
Un peu comme avec des cousins éloignés, on est capable de rester des mois sans nouvelles (et sans ressentir le besoin irrépressible d’en prendre, il faut bien le reconnaître) tout en ayant plaisir à les retrouver lorsqu’ils passent nous rendre une petite visite de courtoisie.
Du moins cela avait toujours été le cas, jusqu’à cette soirée de 2008 à Benicàssim où quelque chose s’était brisé : un concert plan-plan, sans tambour ni trompette, un enchaînement de tubes sans âme, avec la désagréable impression que cette musique pop avait bien vieilli, que ça commençait à tourner en rond et à sentir un peu la sapinette…
Bref, c’est avec appréhension et plein de doutes que j’abordais l’écoute de ce nouvel album, qui plus est en découvrant que c’était un album de reprises, exercice casse-pipe par excellence… même si, par le passé déjà, le groupe s’était illustré en live par des reprises en finesse des Pixies (un "Where is my mind" fidèle avec une belle touche électro finale), OMD, en poussant même le vice jusqu’à se frotter à Indochine (avec un "Aventurier" bien sage).
If I Had a Hi-Fi (à noter le palindrome osé [qui se lit dans les deux sens, un peu comme Laval, quoi]) résume bien l’intention louable et sans prétention, de compiler quelques-uns de leurs coups de cœur de ces derniers temps. Difficile en effet de trouver un quelconque lien entre les morceaux : il y a du récent (The Soft Pack), du poussiéreux (Moody Blues, Kate Bush), du tubesque (Depeche Mode), du plus confidentiel (Mercromina, Bill Fox)…
Un joyeux foutoir sur le papier, que le groupe, avec la touche pop et la spontanéité qui le caractérisent, parvient à rendre incroyablement cohérent, si bien qu’au fil des écoutes on se prend presque à oublier les titres originaux (lorsqu’on les connaît). Parfois l’exercice est un peu vain (difficile d’apporter quelque chose à la légende "Love Goes On"), mais il atteint véritablement des sommets sur un "Enjoy the Silence" à l’intro Curienne, réarrangé en hymne Pop ou sur le "Love and Anger" de Kate Bush magnifiquement revisité.
Comme sur scène, les membres du groupe ne peuvent s’empêcher d’étaler leur facette polyglotte, en se baladant du côté de l’Espagne (sur "Evolution", la perle des trop méconnus Mercromina) et de la France (avec une reprise amicale de Coralie Clément), petit clin d’œil au vieux continent qui les a toujours soutenus.
Au final, l’esprit défricheur est bien présent et on retrouve Nada Surf requinqué et au meilleur de sa forme. De bon augure pour la tournée entamée depuis le mois de Mars ! |