Pièce d'Henrik Ibsen mise en scène de Roman Polanski avec Emmanuelle Seigner, Pascale Arbillot , Guillaume de Tonquédec , Sylvie Herbert , Erick Deshors , Jean-Paul Solal et Michèle Ernou

Cavalière altière et tireuse au pistolet émérite, Hedda Gabler nourrit de grandes ambitions existentielles, ambitions dont elle n'a pas les moyens, ni par la naissance en tant que femme dans un XIXème siècle sexiste, ni par son mariage sans passion avec un petit bourgeois, travailleur et laborieux dans tous les sens du terme.

Soeur norvégienne d'Emma Bovary, elle s'ennuie et tout l'ennuie. Elle ne s'intéresse à rien de ce qui pourrait occuper les journées d'une femme de son temps, les enfants, la culture, voire même l'infidélité. Elle ne vit pas, elle cherche un but à sa vie qu'elle entrevoit comme tenir le destin d'unhomme entre ses mains, démiurge, rien de moins.

Dans un quotidien étriqué et pétri de conventions, difficile de trouver un sujet pour donner corps à cette aspiration. Alors, froide, distante, cruelle et pathétique, mais fascinante aussi, elle se joue de ceux qui l'entourent mais ne trouvent que des êtres simples et innocents qu'il est facile et donc peu amusant de leurrer.

Ne reste qu'un jeune écrivain, faible et influençable pour tenter de s'écrire une histoire hors du commun. A défaut, son destin ne peut s'inscrire que dans l'inexorable chute dans le néant à l'instar de celui des héroïnes antiques.

Emmanuelle Seigner semble parfaite pour ce rôle de femme figée même si l'on peut regretter parfois de ne pas sentir ses luttes intérieures et la discrète voire insipide mise en scène de Roman Polanski n'y aide pas. Reste la belle Emmanuelle dans sa robe de velours rouge aux brandebourgs noirs, domptrice charmante ... mais qui ne peut écarter tout ennui