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Eduardo Arroyo  (Editions Grasset)  mai 2010

Quand aux abords de l'hiver de sa vie, alors que "les lumières commencent à baisser, à atténuer d'un cran la couleur de l'existence", Eduardo Arroyo, un des peintres majeurs de l'Espagne contemporaine, né en 1937, un des grands noms de la Figuration Narrative, jette un oeil par-dessus son épaule, il y voit un homme, une vie, une oeuvre, des rencontres, des amours, des engagements forts et un militantisme indéfectible aux valeurs libertaires, mais également un monde qui n'existe plus. Et lui prend l'envie de rédiger son testament.

Mais il donne à ce mot généralement entendu comme le document qui contient les dernières volontés du futur défunt, à l'instar de celle du condamné à mort, et le règlement du sort de ses petites cuillères en argent, une acceptation atypique inspirée de la pratique littéraire d'un parent illustre de son épouse : "Le testament devrait exprimer, surtout pour ceux à qui il est destiné, l'impossible désir d'avoir tout dit, de tout laisser ficelé derrière soi. Il devrait aussi exprimer l'utopique espoir d'avoir eu le temps de faire ce que nous n'avons pas fait, entre nostalgie et impatience".

Ainsi en est-il de ses "Minutes d'un testament" qui viennent de paraître et qui résultent, à l'image de sa peinture basée sur le processus du collage, d'une hybridation textuelle entre mémoires, soliloques, souvenirs et fragments d'un itinéraire combattif sans souci ni d'exhaustivité ni de chropnologie, auxquels l'adjonction du mot "minutes", qui signifie également "original" et "brouillon", donne une connotation à la fois d'un écrit vivant, en mouvement, et d'un écrit conjoncturel voué à l'amendement. Ce qui est d'ailleurs déjà le cas puisque dans une interview récente, il revenait sur sa décision y mentionnée de fonder un musée dépositaire de son oeuvre dans la propriété familiale.

Rédigées dans une langue fluide et abondante qui, même si elle est travaillée, a le ton et la couleur de l'oralité et n'est pas exempte d'humour et d'autodérision – impossible de ne pas penser à la langue catapulte qu'est sa langue natale et au tragicomique ibérique – ces minutes reflètent, pardon pour ce jeu de mot mais l'auteur lui-même parle d'une "écriture de peintre", la narration figurative de l'itinéraire d'un homme engagé dans son siècle et sa vie.

S'il aborde peu sa vie affective, il lève un peu le voile sur l'artiste, le jeune homme qui voulait être journaliste et écrivain et qui, à la fin des années 50, exilé à Paris est devenu presque par hasard peintre : "Je suis venu grossir de ma présence par la même occasion la misérable brigade internationale des rêveurs et des névrosés, chair à canon de l'art contemporain".

Cela étant, ne vous attendez pas à une auto-analyse picturale ni à une exégèse métaphysique de son processus créatif : Eduardo Arroyo se limite à l'essentiel tant sur l'art ("l'histoire de l'art ne consiste pas en d'éternelles litanies philosophico magistrales mais bien plutôt en une histoire faite de rencontres et de séparations") que sur son oeuvre ("La peinture est une question de force, de conviction, de fermeté ; la peinture est tout pour moi, c'est ma vie.") et sa conception du rôle de l'artiste ("mon rôle n'est pas de transformer le monde. Je peins et je persiste à peindre ce qui ne signifie pas que je vais me taire".

Il évoque également son engagement politique, sa particiation aux événements de 68 ("Avec Pierre Soulages nous avons empêché ensemble que des imbéciles décérébrés s'attaquent à la Sorbonne en la couvrant de peinture rouge et en détruisant les fresques de Puvis de Chavannes du grand amphithéâtre") avant de revenir vers l'Espagne et la réalité socio-politique espagnole.

Mais surtout il livre ses coups de coeur et ses coups de gueule avec une fougue empathique, notamment sur le statut de l'artiste dans ce troisième millénaire, sans jamais renoncer à son credo à une époque qu'il ressent comme en retrait sinon en régression.

"Je me souviens que du temps où j'étais un jeune peintre, j'étais libre, pauvre mais libre. Aujourd'hui la peur, l'autocensure, la subvention, la présence constante des bureaucrates de la culture, des serviteurs de l'Etat qui se mêlent de tout entravent nos mouvements et limitent nos libertés."

 

MM         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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