La
variété française
Décidement, on dirait que les festivals rennais ne veulent
pas se montrer sur notre Froggy's Delight préféré
! Après le silence des organisateurs du festival Mythos,
c'est au tour de ceux de Rock'n'Solex, festival que nous avions
promis de couvrir, de retourner leur veste et de nous fermer les
portes quelques jours avant le lancement, évidemment juste
au moment où la soirée principale affichait complet
!
Le week end aurait donc été gaché si AS
Dragon n'avait pas eu un excellent manager, toujours prêt
à aider un jeune chroniqueur dans le besoin. C'est donc le
coeur heureux et détendu que je me suis rendu sur les lieux
du spectacle.
Comme nous vous l'annonçions il y a quelques temps, le festival
Rock'n Solex est le plus vieux festival étudiant de France.
Il mélange courses de cet élégant moyen de
locomotion la journée, avec concerts de cette charmante musique
le soir. Un concept surprenant mais très sympathique avec
un bon goût de soirées étudiantes finement arrosées.
Quelle ne fut pas ma surprise de voir devant l'entrée du
chapiteau une longue file d'attente pour le concert ainsi qu'un
nombre assez important de mécontents qui repartaient en bougonnant
après avoir constaté qu'il n'y avait plus aucun billet
en vente.
Je me suis simplement dit qu'AS Dragon
commençait à devenir de plus en plus connu et que
Tété devait bien avoir quelques dizaines de fans sur
Rennes. Je n'étais pas au bout de mes surprises...
Il était un peu plus de 20h quand AS Dragon fit son apparition
sur la scène. Ils commencerent en force avec "Spanked
on me" chantée à deux voix entre Hervé,
le batteur, et Natacha, la chanteuse,
arborant un joli débardeur du festival. La tension ne se
relacha pas : le groupe poursuivit avec les deux premiers titres
enchainés de l'album dont le toujours excellent "Dirty".
Puis quelques nouvelles chansons toujours pleines d'originalité
et de puissance et la plupart des classiques.
J'ai commencé à avoir des doutes quand après
"Mais pas chez moi" mes voisines
se demandèrent si c'était bien une reprise du groupe
qui passait à la radio. Ciel, quel était donc ce public
? (deuxième indice)
Le concert continua avec une belle version de "Dedicated
to the press", des musiciens qui semblaient s'amuser
et même des sourires de Michael,
d'habitude si strict sur ses claviers. Quelques déchainés
se mirent à slammer dans le public, causant une certaine
confusion dans l'esprit de mes voisines (troisième indice).
Il n'y eut malheureusement pas de rappel mais comme d'habitude,
ce fut un concert net et sans bavure avec toute l'energie du groupe
et quelques affriolantes nouvelles chansons qui annoncent un nouvel
album aussi percutant que le premier. Chapeau !
Les roadies commencaient seulement à mettre en place le
matériel de Tété
qu'une clameur commenca à surgir dans la salle. Des cris,
des chants, des appels, mes voisines qui enlevaient leur pull pour
arborer leur plus beau mini débardeur à paillettes.
Les chants se firent plus vigoureux quand la musique s'éteignit
et les musiciens rentrèrent sur scène.
Je découvris alors le pot-aux-roses : quasiment toute la
salle était venue pour Tété ! Je me sentis
comme un amateur de Marilyn Manson au
milieu d'un concert de Lara Fabian.
Ca criait de partout et la première note de guitare fit l'effet
d'une bombe. Et moi j'étais là, ignorant, découvrant
que c'était princiapelement pour celui que la presse taxait
tantôt de Ben Harper français,
tantôt de Keziah Jones hexagonal
que les 2500 personnes du chapiteau étaient venues.
Et bien je dois dire que la presse exagère : de Ben Harper
il ne reste que certaines mélodies mais adieu l'electricité,
et de Keziah Jones... disons une certaine façon de jouer
de la guitare.. Et encore... Pour ma part je comparerais plutôt
Tété à Laurent Voulzy,
ce qui n'est pas une tare mais avouez que c'est un peu différent
de Ben Harper.
Au bout de quelques chansons, que des tubes si j'en crois mes voisines,
je me suis senti obligé de remettre mes oreilles en plastique
(voir Concert
Tcheque Attaque) non pas pour me proteger de la musique, douce,
agréable mais plutôt des cris du public. La seule chose
qui me mit du baume au coeur était vraiment Tété
lui-même : sympa, lançant d'enormes sourires sous ses
grosses lunettes, tirant la langue à qui mieux mieux et visiblement
heureux d'être là. Ses musiciens avaient l'air moins
contents. Ils jouaient parce qu'il fallait jouer mais on ne sentait
aucune originalité, aucun "peps" dans le jeu. Evidemment
c'était à mille lieues de la cohésion d'AS
Dragon.
Vers la fin du concert il y a quand même eu une rebellion.
Quelques olibrius se sont mis à slammer sur Tété
(il faut le faire !). Mes voisines se sont enervées, elles
ont même appelé la sécurité qui n'a pas
pu faire grand chose et a laissé ces jeunes gens batifoler
à leur guise sur les têtes des demoiselles.
Seul morceau de bravoure en rappel, Tété, tout seul,
qui s'est permis une magnifique reprise de "Redemption
Song". Et c'est surement ce que je retiendrai de tout
son concert. Non pas que l'artiste soit mauvais, mais plutôt
que ses chansons sont un peu trop calmes, convenues, sans grande
originalité. De la chanson française, de la variété,
du miel. C'est quand même loin de Ben Harper, nom d'une pipe
!
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